Monstre sacré – L’édito de Christophe Bonnefoy
Emmenez-moi au pays des merveilles… Charles Aznavour, parti à l’âge de 94 ans, a sans doute rejoint, là-bas, quelque part, le paradis des artistes. Des vrais. Celui qui rassemble, non pas de simples vendeurs de disques, mais les géants de la chanson. Les monstres sacrés. Ceux dont la trace restera indélébile.
Né en 1924, il aura marqué des générations entières. Pour preuve, sa musique était fredonnée – elle le sera encore longtemps – aussi bien par les plus jeunes que par ceux qui l’ont accompagné pendant des décennies. On a tous, un jour, chantonné quelques notes d’une Affiche en haut de laquelle il se voyait déjà, tout jeune. D’une Mamma qu’il interprétait si justement. Ou encore de cette Bohème, voyage au pays des poètes.
Charles Aznavour, c’était, aussi, un jeu d’acteur qui en aura bluffé plus d’un. D’un taxi qui partait pour Tobrouk à ce Tambour, palme d’or à Cannes, en passant, entre autres, par “Tirez sur le pianiste”, rien moins que sous la direction de Truffaut.
La légende – The Legend, comme n’hésiteront pas à le surnommer des Américains qui l’avaient accueilli à bras ouverts, au point de lui offrir une étoile sur Hollywood Boulevard – revenait d’une tournée au Japon et s’apprêtait à remonter sur scène en France. Encore et toujours. Cette scène qui devenait, à chacune de ses apparitions, un lieu magique d’émotion. Qui offrait ce sentiment de pouvoir partager quelques instants précieux avec une icône qui avait contribué à enrichir de la plus belle des manières notre patrimoine musical.
Restera, naturellement, cette œuvre de plus de 1 200 chansons for me… formidables. Immortelles.