Mongin, la signature de l’excellence (2)
NOGENT
Dans l’édition du 10 juillet, Philippe Savouret s’était arrêté lorsque les époux Margaux étaient à la recherche d’un repreneur pour l’entreprise Mongin, cette maison prestigieuse du bassin nogentais, en 2017.
Charly Gascard vint se proposer pour continuer l’aventure. Connu à Neuilly par la forge Gascard-Martin-Prost, Charly a fait des études dans les Arts appliqués en design produit depuis 1999. Il s’occupe de la partie technico-commerciale de l’entreprise en 2005. Mais au-delà de la forge, il se passionne pour la coutellerie et le damas. Il se forme auprès de Daniel Vally. Depuis l’enfance, il a cette passion des couteaux Mongin, la référence dans le bassin nogentais. D’autre part, il a le désir d’entreprendre et, à ses yeux, ce n’est pas possible qu’une telle entreprise disparaisse. A 40 ans, en 2018, il propose de reprendre la maison Mongin. Une offre séduisante pour les Margaux. Pour Charly ce qui compte, c’est le savoir-faire acquis depuis de nombreuses années. C’est pourquoi tout le personnel est gardé. De plus, il prend des apprentis qui vont se former pour le montage des couteaux auprès du plus ancien qui va bientôt partir en retraite. Mickael, venant de Neuilly, est orienté vers la coutellerie. Il en fait son chef d’atelier. Cinq personnes travaillent à plein temps, ainsi que deux apprentis.
Savoir-faire…
En plus d’assurer la gamme en place toujours d’actualité, il va créer de nouveaux produits. En 2019 sortira le “Milan”, deux pièces, en 2021 le “Néo” lame et tire-bouchon avec l’introduction d’un QR code, une première en coutellerie pour la traçabilité du produit. Le “Jacques” en 2021 dans la collection chasse pour rendre hommage au fondateur Jacques Mongin décédé en avril. Puis, cette année, le “Picollino” dérivé du “Piccolo” en plus petit. C’est aussi l’évolution de la fameuse onglette le long de la lame. Dans l’atelier qui n’a pas bougé depuis sa création, hormis une ou deux machines-outils, c’est la bonne ambiance qui règne entre ces artisans du couteau, avec, en fond sonore, la radio, tradition déjà du temps de Jacques Mongin. Chacun s’affaire aux différentes pièces : meulage, sciage des manches, polissage, ajustage, montage… Les matières les plus nobles sont utilisées pour les manches. C’est impressionnant de voir cette dextérité pour réaliser le tire-bouchon pièce indispensable du couteau !
Et faire savoir…
Il faut faire connaître gammes habituelles comme nouveautés. Les clients habituels sont toujours là, d’Italie à la place Vendôme, dans toute la France, dans les coutelleries. Les distributeurs se trouvent dans les grandes villes et les villes touristiques. Certes il y a les collectionneurs et les chasseurs qui viennent jusqu’à Biesles pour choisir “leur” couteau. Et puis il y a les salons où se côtoient les couteliers, où l’on se fournit en matières premières. L’homme au chapeau se repère facilement. Mais des produits complémentaires sont en cours de création qui peuvent toucher un public plus large et nouveau. Un site Internet avec vente en ligne se dessine. Ceci afin de faire connaître ce savoir-faire ! La transmission d’entreprise est souvent épineuse. Mais, contrairement à de trop nombreux cas où le savoir-faire disparaît avec la mort de ses créateurs, ici on a le bonheur de voir non seulement perdurer cette entreprise référence du bassin mais en plus créatrice et innovatrice. Mongin reste la signature de l’excellence.
Erratum
Dans la première partie consacrée à la maison Mongin (édition du 10 juillet), des erreurs sont à corriger. Daniel Margaux (et non Claude, son cousin noté par erreur) et son épouse avaient repris l’entreprise à la disparition de Jacques Mongin.