Monfils, coups de théâtre
Au bord du gouffre au quatrième set, Gaël Monfils a renversé la situation, au terme d’un »match-sketch » face à Fognini, hier. Le Français a survécu à ce troisième tour, fatal à Kristina Mladenovic et mal embarqué pour Gasquet, qui terminera sa rencontre contre Verdasco aujourd’hui.
Entre ces deux-là, rien ne se passe jamais normalement. A Nice, ils s’étaient embrouillés. A Roland-Garros, ils avaient joué dans le noir. «On fait toujours des matches à l’arrache. Parfois, on s’engueule, mais dans le fond, on s’aime beaucoup», a résumé Monfils. Le Français a beau s’être imposé, hier, face à Fognini, il devra impérativement montrer un autre visage, demain, s’il veut espérer se tirer de son combat, autre- ment plus costaud en huitièmes de finale, face à l’Espagnol Guillermo Garcia-Lopez, le tombeur de Wawrinka, qu’il a perdu à Miami.
Hier, le Suzanne-Lenglen en a vu des vertes et des pas mûres, à l’occasion de l’explosif et attendu duel entre le Français et son meilleur ennemi italien, Fabio Fognini. D’échanges soporifiques en jets de raquette, de contestations en sets totalement balancés, de services escargots flashés à 140 à peine en improbables breaks et débreaks… Tout y est passé dans cette rencontre qui releva davantage du sketch, parfois même de la Commedia dell’Arte et du bluff, que de la partie de tennis. Car niveau jeu, Monfils, comme Fognini, auteur de 81 fautes directes (!), ont parfois frôlé l’indigence, préférant la bataille psychologique à l’affrontement tennistique.
Mladenovic rattrapée par la pression
Sur ce terrain-là, donc, Fognini a trouvé son maître. L’Italien pensait avoir la voie grande ouverte à l’heure d’aborder la cinquième manche, après une quatrième totalement balancée par un Monfils épuisé et au bord du précipice. « J’étais usé, je n’avais plus de jus après le troisième set. Il m’a breaké dans le premier jeu du quatrième, je n’ai pas réussi à le débreaker… Comme je voulais servir dans le cinquième set, le seul choix pour moi, c’était de faire 6/0 », a-t-il justifié, écartant toute blessure. Fognini se faisait alors piéger d’entrée par un break rocambolesque, consécutif à une faute de pied, puis un heureux filet.
La suite était la copie conforme de cette partie complètement décousue depuis le début. De breaks (3-0) en débreaks (3-2), alors que Monfils avait gâché une balle de 4-0, cette cinquième manche tournait finalement dans l’escarcelle du Français, au terme d’un dernier jeu totalement évacué par le caractériel Italien (6-2). On peut donc s’imposer sans bien jouer. Et perdre alors qu’on a le sentiment d’avoir un moment eu le match en main. C’est le constat qu’a fait Kristina Mladenovic sur le central, face à Petkovic.
La Française regrettera long- temps de n’avoir pas su concrétiser l’ascendant pris dans la troisième manche, alors qu’elle avait réagi parfaitement dans la seconde pour égaliser (4-6, 6-4). Après avoir gratté le break (2-1), la Nordiste se déréglait, rattrapée par l’enjeu et la pression, et ne parvenait plus à empocher le moindre jeu sur ses services (quatre breaks). « J’ai eu du mal à m’adapter et à me régler sur le court central. Il est plus grand et les balles claquent plus, par rapport au Lenglen que je trouve plus rapide », a-t-elle justifié.
Gasquet sauvé par la nuit
Au prix de gros efforts et d’un joli tempérament, elle avait pourtant entretenu le sus- pense en s’adjugeant à son tour chaque service de Petkovic dans la foulée, mais elle finissait par être trahie sur un nouveau jeu défaillant. La deuxième des trois balles de match offerte à l’Allemande stoppait net la belle aventure de la Française à Roland-Garros (6-4).
En fin de soirée, Richard Gasquet a bien cru qu’il allait lui aussi prendre la porte. Dépassé face à Fernando Verdasco, le Biterrois, mené deux sets à rien (6-3, 6-2, 2-2 dans la troisième manche), a été sauvé par la nuit et retroussera de nouveau les manches aujourd’hui, sur le même court central, pour livrer une bataille qui s’annonce terriblement compliquée, au vu du niveau de jeu proposé par l’Espagnol hier. Dans l’après-midi, son compatriote Rafael Nadal, malgré un dos douloureux et “strappé”, avait montré la même hargne sur le court en début d’après-midi, en se promenant face à Mayer (6-2, 7-5, 6-2).
De notre envoyée spéciale à Roland-Garros : Delphine Catalifaud