Mondial de handball : Lille mystérieuse
Les Bleus ont débarqué hier à Lille pour leur 8e de finale de ce soir (18 h), contre l’Islande. Plus que leur adversaire, qu’ils connaissent bien, c’est l’environnement qu’ils vont devoir dompter. L’enceinte nordiste, aménagée pour battre le record de spectateurs sur un Mondial de handball, alimente les conversations depuis des jours.
« Ce stade est un pari technologique, humain et financier. On a réussi l’ouverture, Nantes et son hall XXL. On monte d’un cran. Si on réussit à Lille, ça peut devenir un Mondial de grande mémoire. » Le propos est signé Philippe Bana, le directeur technique national. Arrivés hier à l’aéroport de Lesquin sous très haute surveillance, les Bleus ont découvert l’Arena de Lille en soirée, avec un entraînement à huis-clos, le seul avant la rencontre de ce soir, contre l’Islande, en huitième de finale (18 h). L’idée est belle d’avoir aménagé tout spécialement le stade de foot Pierre-Mauroy en salle de handball. Elle peut être un coup de maître. Ou un fiasco. Une fausse bonne idée, quoi.
Pourquoi ? Parce que les Bleus n’ont évidemment pas l’habitude de jouer devant un public aussi énorme. Depuis le Mondial du Caire, en Egypte, en 1999 (25 000 personnes), aucune salle n’a accueilli plus de spectateurs. La fédération française a voulu marquer les esprits et l’histoire, en montant des tribunes à 28 010 places. « Ce sera une vraie première, quelque chose d’unique de jouer dans un tel écrin, s’enthousiasme Guillaume Gille, le binôme de Didier Dinart aux commandes de l’équipe de France. On a l’habitude des ambiances hostiles. On va, cette fois, être énormément soutenus ! » L’ambiance peut soit galvaniser, soit inhiber. On n’ose imaginer qu’elle crispe les Bleus, mais le danger reste réel, malgré tout.
Omeyer en repérage
Toute la semaine, ils en ont parlé entre eux. Histoire d’imaginer l’inimaginable. « En championnat de France, au mieux, on joue devant 5 ou 6 000 personnes, rappelle l’arrière droit bourguignon Adrien Dipanda. J’ai hâte de découvrir ce stade, spécialement conçu pour nous. » A côté de Lille, même Nantes et son hall XXL (10 500 spectateurs) et Bercy (15 609 pour le match d’ouverture contre le Brésil) font figure de petits joueurs.
« On a du mal à se représenter ce qu’on va vivre et l’ambiance qui va régner dans ce stade », poursuit-il, confiant que Thierry Omeyer « a expliqué un petit peu la configuration de la salle, puisqu’il y était allé voir du basket ».
Jeudi, la billetterie annonçait déjà 24 000 places vendues. La soirée se jouera à guichets fermés, malgré le froid attendu dans les tribunes, la configuration ne permettant pas de chauffer la totalité de l’enceinte. « Ce sera à nous de réchauffer le public, s’il y a besoin. On a quelques showmen dans l’équipe ! », rassure Adrien Dipanda. Spectacle ou pas, la seule option pour les Bleus sera de se qualifier pour les quarts, où l’attendront soit la Suède soit la Biélorussie.
Pour éviter toute catastrophe, les jeunes auront été briefés par l’“ancien” Luc Abalo, conscient que « les vrais soucis vont commencer » ce soir. « Dans un huitième de finale, le ballon n’a plus le même poids. Moi, j’aime ça, les matches couperets. Mais je vais mettre mes partenaires en garde. On est généralement des diesel et moi, je trouve qu’on a démarré trop fort, plaisante-t-il. Tout le monde a bien joué alors que d’habitude, il y en a toujours deux ou trois qui font de la daube (sic) ». Puisse son présage s’avérer inexact.
Delphine Catalifaud