Mois sans tabac : voir la vie en patchs
Le Mois sans tabac débute mercredi 1er novembre. À Saint-Dizier, tout est déjà en place pour accompagner les fumeurs en quête de sevrage. Même si, au global, l’événement n’est qu’un coup de boost à une prévention continue.
« On va se fumer une petite clope ? » Cette question, posée dans tous les contextes, reste encore fréquente dans le quotidien de nombreux Bragards. Or, les risques du tabagisme sont connus – nous ne vous ferons pas l’affront de les lister ici – et le problème reste prégnant, en dépit des multiples campagnes de sensibilisation et de la hausse continue du prix du paquet de cigarettes.
C’est là que le Mois sans tabac intervient. « Pendant 30 jours, beaucoup d’informations sont données sur les canaux de diffusion. Ça incite les gens à se poser des questions, sur leur propre tabagisme, mais aussi sur celui des personnes autour d’eux », se réjouit Pascal Melin, chef de service de l’unité 2 de médecine au centre hospitalier bragard mais aussi médecin au Centre de soins et d’accompagnement, de prévention en addictologie (Csapa) de Haute-Marne.
« Il faut que nous soyons armés, en tant que médecins, pour le Mois sans tabac. Je fais en sorte de garder des créneaux de consultation ouverts en novembre, pour ne pas avoir à donner un rendez-vous à quelqu’un qui souhaite arrêter à ce moment-là en février », poursuit le médecin.
Le Mois sans tabac ? Un coup de projecteur
Pour les professionnels de santé, si ce Mois sans tabac est forcément un coup de projecteur, la prévention ne se cantonne pas à novembre. « Ça souligne le problème, avec des kits distribués, mais notre rôle préventif, on l’a toute l’année », certifie une pharmacienne bragarde ayant requis l’anonymat. Elle ajoute : « Attention, il n’y a pas de patchs ou pastilles dans les kits. C’est un petit livret qui permet de se fixer des objectifs, et une roue qui permet de voir combien d’argent on économise en arrêtant de fumer. »
Pour l’arrêt du tabagisme, le suivi médical semble incontournable, mais des solutions alternatives tentent aussi les fumeurs. Le Mois sans tabac dope-t-il les carnets de rendez-vous ? Julien Cruz, hypnothérapeute installé dans la galerie Marius-Cartier, nuance : « Pour le moment j’ai 13% de mes rendez-vous de novembre prévus pour du tabac. L’année dernière j’étais à 23 %. […] Mais mon agenda n’est pas encore réservé pour la deuxième partie du mois. »
La cigarette ? Une drogue légale
Difficile donc, d’estimer l’efficacité du Mois sans tabac pour les personnes souhaitant arrêter la cigarette. Mais la vigilance doit être constante sur ce qui reste, bien que légale, une drogue. « En France, 10 % des jeunes adultes rentrés dans le tabagisme ont commencé par le vapotage », se désole Pascal Melin. « Sur les jeunes, on ne voit pas encore l’impact, on soigne plutôt des personnes âgées de 50 à 70 ans, mais on doit poursuivre la prévention, et se méfier de la e-cigarette », prolonge la pharmacienne.
En tant qu’addictologue, Pascal Melin remet aussi la consommation de tabac en perspective. Il alerte : « Un joint, c’est en moyenne l’équivalent de sept cigarettes. On voit arriver des fumeurs avec un cancer du poumon à moins de 40 ans… »
À compter du 1er novembre, donc, les fumeurs sont appelés à essayer de diminuer leur consommation. Pour leur santé, et celle de leur entourage, avant tout. Histoire que la petite phrase qu’on entend au quotidien devienne : « On va prendre l’air ? »
Dorian Lacour