Moins pour plus – L’édito de Christophe Bonnefoy
Moins pour plus. Moins de contenu pour plus cher, c’est l’idée. Et voilà qui va ravir – ironie ! – des consommateurs qui, depuis un petit moment, ont le net sentiment d’être pris pour des vaches à lait. Des pigeons même, pour rester dans le vocabulaire animalier.
On n’osait en imaginer l’éventualité. On doit se résoudre aujourd’hui à cette réalité : ils ont osé. Certains en tout cas. Derrière l’argument imparable d’une crise profonde qui oblige à s’adapter, les moyens sont, eux, perçus comme fallacieux. Dans le dos des ménages.
Restons dans le domaine de la bébête. Des animaux de compagnie. Une célèbre marque de croquettes pour chiens réduit le poids de manière drastique. Mais le prix flambe. Le tarif au kilo : + 113 %. Et bing. On pourrait multiplier les exemples, avec du surgelé, les couches-culottes… Il y a le choix, si l’on peut dire. Rappelons, tout de même, que la pratique, appelée shrinkflation – proposer moins de contenu, pour la même boîte, aussi cher, voire plus – n’a rien d’illégal. Moralement, en revanche…
Alors certes, on ne parle bien souvent ici que de quelques petits grammes de moins pour quelques menus centimes d’euros de plus. Anecdotique ? Pas vraiment.
D’une part, si le consommateur n’en est peut-être pas à un centime près sur un produit unique – quoique -, la valeur d’un chariot complet, multipliée par plusieurs semaines dans le mois, ramène vite à une note salée. On ne parle même pas de cette impression très désagréable que c’est… toujours le même qui paie, au bout de la chaîne.
D’autre part, même si on peut aisément comprendre que certains grands industriels subissent, eux aussi, les effets de la crise que nous traversons, ils renvoient là une image désastreuse. Les économies de contenu, ajoutées à des hausses de prix, le tout rapporté à des millions d’unités vendues, voilà qui peut donner le tournis à la ménagère, de moins de 50 ans ou plus. Jusqu’à en avoir la nausée.
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