Moins fanfaron – L’édito de Patrice Chabanet
Plus l’échéance approche, plus le principe de réalité s’impose. Le nouveau Premier ministre britannique est en train de l’apprendre à grande vitesse. Lui qui, il y a quelques semaines encore, prônait une position inflexible dans le dossier du Brexit, découvre maintenant les vertus du dialogue. Il a mis de l’eau dans sa bière. Il ne présente plus une sortie sans accord comme la solution que devraient accepter ses futurs ex-partenaires européens. Avant-hier, avec Angela Merkel, hier avec Emmanuel Macron, il est venu quémander une ultime reprise des négociations. Le fanfaron est devenu réaliste : le no-deal ne sera pas un long fleuve tranquille. Son application du jour au lendemain soulèvera d’inextricables difficultés, et cela dans un peu plus d’un mois. Et que dire de la reconstitution d’une frontière entre les deux Irlandes dont on sent qu’elle rallumera le conflit entre le Nord et le Sud ?
Malgré les sourires sur les photos, les points de vue ne se sont pas rapprochés entre Boris Johnson et Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat français n’a pas vraiment dit non au maintien d’un contact entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Mais on ne voit pas comment ce qui n’a pu être conclu après des années de négociations pourrait l’être après cinq semaines de pourparlers. Aucun pays de l’Union n’est venu au secours du Premier ministre britannique. Même pas ceux qui dénoncent régulièrement les méthodes de la Commission de Bruxelles. C’est dire. Boris Johnson a insinué qu’Angela Merkel était favorable à un dernier round de négociations. Une façon de laisser apparaître des dissensions entre la France et l’Allemagne. Personne n’est dupe. L’ensemble de l’Union européenne a intégré dans son logiciel le départ du Royaume-Uni. Trop tard pour réécrire un scénario qui était impensable jusqu’à récemment. Boris Johnson pourra toujours se tourner vers Donald Trump qui lui a promis un « super accord » dès la mise en œuvre du Brexit. Il peut toujours rêver.