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Mohamed Saidi, pas de nationalité pour un papier

Mohamed Saidi ne peut obtenir la nationalité française, parce qu’il lui manque un certificat de scolarité.

SOCIAL. Depuis plus d’un an et demi, Mohamed Saidi tente d’obtenir la nationalité française. Mais pour cela, il lui faut un certificat scolaire sur lequel personne n’arrive à mettre la main. Plongée dans un ubuesque parcours du combattant.

La fatigue se lit sur le visage de Mohamed Saidi. Ses horaires de travail, en tant que veilleur de nuit dans un foyer d’hébergement de Bar-le-Duc, pourraient expliquer sa petite mine. Mais la cause première de cette fatigue est ailleurs. « Ça fait plus d’un an et demi que je galère, pour un simple papier… », se désespère le quinqua.

Louise-Michel manque à l’appel

Ce ressortissant algérien est arrivé en France au début des années 1970 et y a fait toute sa vie. C’est à Saint-Dizier qu’il était scolarisé en primaire, entre les écoles Louis-Pasteur, Jean-Moulin, Albert-Camus et Louise-Michel. Le certificat de scolarité de Mohamed Saidi a été refait par l’école Albert-Camus, les registres de Louis-Pasteur (fermée depuis 2011) ont été retrouvés par les archives municipales, et ceux de Jean-Moulin ont été transférés à l’école Jean-de-la-Fontaine, et sont donc en sa possession.

Problème, il manque le certificat de Louise-Michel où il était scolarisé de 1973 à 1975 – et qui accueillait alors des élèves de primaire. « Il y aurait en effet eu un incendie en 1996. Or, quand des archives publiques sont détruites, nous devons être informés, et nous n’avons rien à ce propos dans nos registres… », souffle Elisabeth Charron, directrice des archives départementales de la Haute-Marne. Mohamed Saidi est donc dans l’incapacité de se procurer son certificat de scolarité, et de pouvoir compléter son dossier de naturalisation.

« On me fait tourner en rond »

« Je suis en France depuis 50 ans, j’y travaille, je cotise, je paye mes impôts, mes loyers… Et tout ce qu’on me dit c’est qu’on ne trouve pas ce papier », se désole Mohamed Saidi. De ce fait, il ne peut pas être titularisé dans son métier – il faut être français pour ce faire – et enchaîne les contrats à durée déterminée depuis plusieurs années. Une situation précaire, de laquelle le veilleur de nuit aimerait sortir.

« Je suis à bout, on me fait tourner en rond, chaque administration se renvoie la balle, et personne ne trouve ce dont j’ai besoin ! », s’agace-t-il. Lassé, Mohamed Saidi s’est aussi emporté auprès des standardistes des archives. « Nous n’avons pas les documents, ce n’est pas une volonté de notre part de bloquer le dossier », certifie l’une d’elles.

« Quand quelqu’un est dans une telle situation de détresse, il faut qu’on l’aide », assure Elisabeth Charron, certifiant que « son dossier est pris en charge et traité comme celui de n’importe qui ». Mohamed Saidi salue les efforts de la directrice des archives, arrivée en juillet 2022, mais qui a d’ores et déjà fait avancer les choses. « Mon certificat pour Albert-Camus a été refait, alors que j’ai galéré pendant plusieurs mois pour l’avoir », se satisfait le veilleur de nuit.

Bientôt une solution ?

Contacté par jhm quotidien, le rectorat de l’académie de Reims indique que s’il conserve bien des traces des diplômes, aucune autre archive n’est à sa disposition. « Nous avons conscience de la difficulté dans laquelle se retrouve ce monsieur, et nous souhaitons que la situation se décante », affirme-t-on.

La sous-préfecture de Reims, auprès de laquelle le dossier de Mohamed Saidi est déposé, n’a pas pu être jointe. Du côté des archives départementales, Elisabeth Charron garantit que « tous les services s’activent (et que) nous sommes en bonne voie de résolution ». Peut-être qu’alors, Mohamed Saidi pourra enfin se reposer.

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr

La naturalisation, une procédure nébuleuse

La demande de naturalisation de Mohamed Saidi est bloquée parce qu’il lui manque un certificat de scolarité. « La sous-préfecture m’a renvoyé mon dossier, négatif. On me demande ce que j’ai fait de 1973 à 1975, mais j’étais à l’école à Saint-Dizier… », soupire-t-il. D’un autre côté, la procédure pour obtenir la nationalité française est si ardue qu’elle peut en décourager plus d’un. Dans le cas de Mohamed Saidi, c’est la préfecture de la Marne qui chapeaute le dossier. Impossible d’avoir un interlocuteur au téléphone, tout se fait par mail. Compliqué pour les personnes en proie à la fracture numérique.

Ensuite, même si le site Internet de la préfecture – et notamment sa foire aux questions – est plutôt bien fait, lorsque nous essayons d’obtenir la liste des pièces à fournir pour une naturalisation par décret, « la page web que (nous) cherch(ons) est introuvable ». Pas pratique. Il est toujours possible de joindre la plateforme inter-départementale des naturalisations par téléphone, mais seulement les lundis, mardis et jeudis de 9 h à 11 h 30. C’est serré. « On m’a dit d’écrire au président de la République ! », s’esclaffe Mohamed Saidi. Tout bien réfléchi, il s’agirait peut-être de la solution la plus simple…

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