Moche et frais – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il fait moche. C’est le moins que l’on puisse dire. Tellement moche, qu’on en arriverait presque à remettre en question toutes les théories sur le réchauffement d’une planète qui, si on n’y prend garde et pour parler simplement, se dirige droit vers les flammes de l’enfer.
Tellement moche, qu’on rage de ne pouvoir coiffer casquettes et porter t-shirts de grande marque à rafraîchissement presque intégré.
Pull léger et pantalon pour les uns. Chez nous. Mais matière à quasiment étouffer et déshydratation à vitesse grand V pour les autres. Pas très chaud et risque de tempêtes en Bretagne – non, la Bretagne n’est pas qu’humide, contrairement aux idées reçues. Forêts en flammes et températures surréalistes en Grèce.
Deviendrait-on donc complotiste, à fermer les yeux sur ce dérèglement climatique dont on nous étouffe à longueur d’émissions ? Complotiste, non, peut-être pas. Naïvement porté vers le mélange des genres, oui.
Bien sûr, et c’est humain, le premier réflexe est de tout simplement constater qu’on nous promet du brûlant et sec et qu’on est tout juste dans l’humide et le frisquet. Mais c’est oublier qu’il y a une différence plus que notable entre météo et climat.
Nous subissons en ce moment les affres de la météo. Instantané. Variable. Imprévisible, même. On pourrait presque dire conjoncturel. Et on oublie que le climat, lui, se définit sur la durée. Pas deux jours. Pas deux semaines. Pas deux mois. Même pas deux ans. Mais à long terme. Un long terme, pour le coup, dont l’évolution voit les courbes d’alerte – et de chaleur – grimper régulièrement depuis des décennies. Structurel, en quelque sorte. Et c’est plus inquiétant.
On grelotte presque depuis quelques jours. Mais le coup de chaud, le vrai, le dangereux, l’inéluctable, le mortel, n’est pas qu’une vue de l’esprit, quoi qu’on en dise.