Mladenovic, des gènes et le plaisir
Un père handballeur, Dragan, gardien de but champion olympique avec l’ex-Yougoslavie en 1984, passé par Pontault-Combault, Dunkerque et Dijon. Une mère volleyeuse, Dzenita Helic, elle aussi internationale. Un frère footballeur, Luka, 17 ans, qui a intégré, fin 2013, le centre de formation du FC Metz. Dans la famille Mladenovic, Kristina n’est pas la seule star de la maison.
Le sport, elle a grandi avec, tombée dedans comme Obélix dans sa marmite. Elle aurait pu faire une overdose, mais cette grosse bosseuse a choisi d’en faire son métier. « Comme athlètes de haut niveau, ils nous disaient que c’était une leçon de vie. À notre tout jeune âge, ils ont voulu nous mettre au sport. Moi, j’étais talentueuse en tennis et mon frère en foot. Ça donne une famille spéciale de sportifs ! », avait- elle confié à nos confrère du Soleil, un quotidien québécois.
Des drogués du sport, les Mladenovic ? Ils assument tous. Son père est devenu son préparateur physique après avoir raccroché avec le hand et son frère vient la voir dès qu’il en a la possibilité. Hier, il était dans les tribunes du Suzanne-Lenglen et il en a raté son TGV pour Metz. « J’ai fait plusieurs allers-retours et j’espère bien pouvoir revenir samedi (demain) pour son prochain match. Elle fait pareil avec moi », raconte-t-il. Cette année, à son retour d’Australie, Kristina avait filé voir jouer son petit frère à… Pontarlier.
« Kristina a besoin d’être heureuse »
Passionnée et entière, la jeune Française est aussi une ambitieuse, au risque de parfois passer pour une prétentieuse. « Je n’ai jamais caché mon ambition. Je crois en moi et je n’ai jamais cessé d’y croire, même si je suis redescendue au classement », avait-elle confié au sortir de son majuscule exploit contre Li Na.
Au lendemain de son titre de championne du monde juniors et de sa victoire aux internationaux de France de la catégorie, en 2009, Mladenovic était attendue plus vite au sommet. Elle n’a pourtant pas connu l’ascension promise, ne franchissant jamais, chez les seniors, le troisième tour d’un tournoi du Grand Chelem. « Mais j’ai gagné à l’Open GDF Suez contre une autre top 10, Simona Halep, cette année », a argumenté la Française, comme pour faire valoir son renouveau.
Depuis fin avril et après plusieurs changements d’entraîneur, elle s’est adjugé les services d’un nouveau coach, Yannick Hesse. Avec lui, elle semble avoir retrouvé le plaisir, « la convivialité et le côté familial » qu’elle cherchait.
Surtout, elle atteint pour la première fois le troisième tour de Roland-Garros, qu’elle disputera demain contre Petkovic. « Yannick est le père de ma meilleure amie, Amandine. Il nous suit depuis qu’on est jeunes. Il est comme un second père pour moi », a-t-elle insisté. « Le tennis est un sport de frustration. Kristina a besoin d’être heureuse pour bien jouer, et aujourd’hui, c’est le cas », répond Yannick Hesse. « Je lui ai demandé d’être plus tranquille, plus posée. Elle a bien géré l’après Li Na. Je lui avais dit d’aborder calmement ce match, parce qu’elle est toujours N°103 mondiale pour l’instant et qu’en face, Riske était mieux classée. J’espère maintenant que cette nouvelle victoire va la libérer », poursuit son coach. Et la lancer enfin, durablement.
Delphine Catalifaud