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Misère domestique

L’horreur des conditions de vie d’animaux domestiques abandonnés par un couple en proie à un profond désœuvrement a été au cœur d’un dossier éprouvant. Déclarés coupables d’abandon volontaire de chien et chats, les propriétaires ont été condamnés à de lourdes amendes.

 

La vie des autres, ces hommes et ces femmes dont beaucoup préfèrent ignorer l’existence, surgit avec pertes et fracas au cours de débats judiciaires reflétant des réalités tranchant avec petits tracas et grands bonheurs de tout un chacun. Misère et horreur ont pris place au premier rang au cours d’une audience des plus éprouvantes. Les mots d’une fonctionnaire des Services vétérinaires ont suffit à décrire le désœuvrement de sexagénaires plongés dans une profonde détresse. «Nous étions intervenus au domicile du couple en 2009 avec la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, deux chiens et sept chats avaient été placés suite à une procédure pour insalubrité, tenait à rappeler un témoin confronté à effroi et abomination. Les animaux avaient été restitués suite à un nettoyage du logement. Deux ans plus tard, la situation a dégénéré. Nous sommes à nouveau intervenus en juin 2011, nous avons dû revêtir des combinaisons et des masques pour pénétrer dans le logement ne disposant plus d’une alimentation électrique. Le sol était jonché d’excréments et de déchets. L’odeur était pestilentielle, nous étions au bord de la nausée et un homme a été obligé de sortir pour vomir. Nous avons découvert onze chats dont trois chatons à l’intérieur du logement. Un chien était attaché dans la cour. Les pointes de son collier rentraient dans sa chaire. Nous avons confiés les animaux à la Société protectrice des animaux. Un arrêté d’insalubrité a été pris et ce couple va prochainement quitter ce logement.»

«Graves actes de cruauté»

Les photos présentées par le procureur Prou-Gaillard provoquaient une profonde répulsion. Ce couple et ces animaux vivaient ainsi, prisonniers de monceaux d’ordures et de déjections. Un gros plan sur le cou du chien maltraité témoignait de la souffrance endurée par un animal rachitique. Au nom de la SPA, Maître Gambini livrait une poignante plaidoirie. «Les animaux sont des êtres sensibles, ce chien était blessé, le sang coulait le long de son cou et les prévenus ne pouvaient que s’en rendre compte. Par chance, ce chien et ces chats ne présentent pas de troubles du comportement, ils peuvent être adoptés», soulignait l’avocate avant de solliciter 1 200 euros de dommages et intérêts.

Révolté par les maltraitances infligées à ces pauvres bêtes, le procureur Prou-Gaillard dénonçait de «graves actes de cruauté» avant de requérir 3 000 euros d’amende à l’encontre de chaque prévenu. Le représentant du Ministère public sollicitait, en outre, une interdiction définitive de posséder des animaux à l’encontre du couple. La décision du juge Thil ne se sera pas fait attendre. Condamnant chaque prévenu à 2 000 euros d’amende, le magistrat prononçait la remise définitive des animaux à la SPA. Sous le coup d’une interdiction de posséder tout animal domestique, le couple devra verser 1 200 euros de dommages et intérêts à la SPA. Au sortir de l’audience, une question hantait les esprits. Comment un homme et une femme peuvent-ils vivre dans pareilles conditions au XXIème siècle ? Nul ne put apporter la moindre réponse.

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