Mise en veille – L’édito de Christophe Bonnefoy
Quelle époque ! De celles qui interrogent sur le bon sens de ses congénères. Et pourquoi pas, par la même occasion, questionnent sur celui de sa propre personne.
On est tous de ceux qui, un jour ou l’autre, se laissent potentiellement dominer par un écran. Par un réseau social. Quand on ne devient pas d’ailleurs, soi-même, le triste acteur d’un trop tentant laisser-aller numérique. Tellement facile de s’énerver – certains passent même outre la loi -, lorsqu’on est caché derrière le virtuel. Non que la société ait vraiment besoin de Twitter, Tik Tok ou Facebook pour se voir tirer vers le bas. Mais ça aide. Nous vient ainsi à l’esprit le harcèlement, pour le coup plus du tout virtuel, la violence et au final la destruction à distance de l’autre. Le grand n’importe quoi du vaste réseau mondial.
En ce sens, la proposition de loi du député Bruno Studer va dans la bonne direction, en se penchant sur la surexposition des enfants aux écrans, mais aussi la notion de vie privée de ces chers bambins. Sur ce second point, qu’on ne se méprenne pas. L’idée n’est pas ici de se transformer pour les parents en inquisiteurs, mais de ne pas montrer au-delà du raisonnable leur progéniture sur le web. Même si l’intention n’est aucunement de faire mal. Comme on dit, les écrits restent. Et en l’occurrence, ce qui apparaît tout mignon à l’instant T – partager avec le monde entier la bouille de son enfant – peut avoir de lourdes conséquences plus tard. Beaucoup plus tard.
Une mise en veille du réflexe “réseaux sociaux” et tout simplement des écrans ? Voilà qui relèverait d’une certaine sagesse.
Mais comment sensibiliser au problème des parents qui ne lèvent eux-mêmes pas les yeux de leur tablette ou de leur téléphone pendant des heures ? Comment les repositionner en prescripteurs des bons usages du web ? Là est toute la difficulté.