Messieurs les Anglais… L’édito de Patrice Chabanet
C’est parti. La course à la diffusion du vaccin a commencé. Les Anglais ont annoncé les premières vaccinations dans les tout prochains jours. La volonté d’engager le plus tôt possible le combat final contre le coronavirus explique la démarche des autorités britanniques. Mais pas seulement. Il ne faudrait pas oublier que le Premier ministre, Boris Johnson, avait beaucoup à se faire pardonner. C’est lui qui, avec son compère Trump, avait nié pendant de longues semaines l’importance de la pandémie. Aujourd’hui, le Royaume-Uni déplore le décès de 60 000 personnes. Cette réalité donne un autre éclairage aux bulletins de victoire d’outre-Manche. Le ministre de la Santé a été jusqu’à prétendre que le Brexit avait donné les coudées franches au gouvernement. Eternelle confusion entre réalité scientifique et parti pris politique.
Peut-on parler pour autant de précipitation ? Et, en creux, de retard dans l’approche française ? Gageons qu’une nouvelle commission d’enquête éclairera notre lanterne…Il faudra attendre plusieurs mois pour savoir si la prudence européenne – et française en particulier – a été préjudiciable ou non à la santé publique.
En attendant une vaccination massive de la population, les gestes barrières doivent rester la norme. On ne sait pas en particulier si les vaccins à venir mettent fin à la contagion, une inconnue de taille. Or dans ce domaine la rigueur des autorités est plutôt faiblarde, pour ne pas dire insolite. L’interdiction d’aller faire du ski en Suisse alimente un bêtisier déjà bien fourni. Mais pas d’autoflagellation : en Autriche, les hôtels sont ouverts, mais pas les restaurants. A chacun d’apporter sa raclette, peut-être… Une disposition aussi saugrenue que celle prise en France avec l’ouverture des stations sans possibilité de recourir aux remonte-pentes. Courteline est toujours vivant. Et là, pas de vaccin en vue.