Les menuisiers sereins face au cours de l’aluminium
Consommation. La Covid et la guerre en Ukraine entrainent une augmentation du cours de certaines matières premières. Sur les trois derniers mois, le cours de l’aluminium a pris 34 %. Pour les menuisiers, cela n’a pas impacté les carnets de commandes.
« Pour l’instant, la complexité c’est surtout les délais d’approvisionnement », indique Pierre Dupont*, directeur général d’une entreprise de menuiserie. Alors qu’il avait commandé quelque 300 équerres en aluminium, il en a reçu 60, puis 100 et en attend encore 200. « Ça bloque toute la menuiserie. »
Une déclaration soutenue par Bruno Bondelier, le propriétaire d’Atam Véranda : « En avril dernier, le délai pour livrer une véranda était de 7 à 8 semaines. Aujourd’hui, il faut compter 22 semaines ». Tous deux remettent cette augmentation sur une hausse des commandes suite à la crise sanitaire. Ils font d’ailleurs état d’un carnet de commande très rempli sur toute l’année. Véranco, un fabricant de véranda en aluminium, a ainsi vu sa demande augmenter de 80 %.
« Après la Covid, les gens ont voulu rénover et ça a tendu le marché », estime Pierre Dupont*. Il explique également cette situation par la fermeture d’usines pendant la pandémie et donc l’absence de production. Il a ainsi manqué de télécommandes et de moteurs, ce qui a, de fait, retardé ses chantiers.
« C’est encore trop tôt pour se prononcer »
Bien que les deux professionnels mettent davantage en avant une augmentation des délais, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de hausse de prix. De manière générale, les fournisseurs ont augmenté leurs prix en début d’année de 15 à 20 %. Selon le London Metal Exchange, sur les trois derniers mois, le cours de l’aluminium s’est accru de 34 %.
« Jusqu’à la fin de l’année, mes fournisseurs ont gardé les mêmes prix car ils avaient passé commande bien avant », explique le propriétaire d’Atam Véranda. Certains de ses fournisseurs n’avaient pas augmenté leurs prix en janvier, mais ils ont annoncé le faire dès le mois de mai.
« A l’instant T, nous ne sommes pas trop inquiets. La hausse de l’aluminium n’a pas un coût tout de suite », affirme Pierre Dupont*. Il poursuit : « Pour l’Ukraine c’est encore trop tôt pour se prononcer. Aujourd’hui, je n’ai pas encore de données pour dire s’il va y avoir une augmentation ».
A noter qu’il n’y a pas que le coût de l’aluminium qui augmente. Le verre est également en hausse, tout comme l’essence. Ces montées des prix seront indéniablement répercutées sur le consommateur. Si elles deviennent insoutenables, Pierre Dupont* a une alternative : le PVC.
« Le PVC va peut-être tirer son épingle du jeu. Produire de l’aluminium est très énergivore. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est produit en Russie, où l’énergie est peu chère. » Seul bémol pour ce matériau, il offre un choix de couleur plus restreint.
*Le nom a été changé.
Julia Guinamard