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Mensonge

Qui de gendarmes ou prévenue a sombré dans le mensonge à la barre du tribunal ? Cette question a hanté les esprits, lundi après-midi, dans le cadre d’une affaire opposant trois militaires à une prévenue déterminée à faire entendre sa vérité.

 

Rendre justice est un exercice des plus compliqués. L’affaire présentée lundi après-midi illustre la complexité de dossiers d’une extrême futilité. Le 18 novembre 2010, Diane de Nettencourt circule à bord de son véhicule sur le territoire de la commune de Châteauvillain. A hauteur d’un carrefour, cette quinquagénaire voit surgir un gendarme. L’homme en bleu invite la conductrice à présenter ses papiers avant de lui signifier le non respect d’un Stop. D’une extrême banalité, la situation ne va pas tarder à dégénérer, gendarmes et conductrice présentant deux versions radicalement différentes.

«Je n’ai jamais grillé ce Stop, martèle, la prévenue, agent publique de la fonction territoriale et particulièrement impliquée dans le milieu associatif. Je suis descendue de mon véhicule puis j’ai été jetée à terre et menottée par trois gendarmes. J’ai reconnu l’un d’eux. Il m’avait arrêté quelques mois plus tôt et m’avait accusé d’avoir grillé un feu rouge. J’avais contesté et l’affaire avait été classée sans suite. Je n’ai jamais outragé ces gendarmes et je ne me suis pas rebellée !»

Appelés à témoigner à la barre, les trois gendarmes incriminés ont livré – à quelques détails près – une version commune. Dépositaires de l’autorité publique, les hommes en bleu ont manifestement bien révisé leur leçon. Près d’un an après les faits, un gendarme adjoint volontaire livrera ainsi la date, l’heure le type du véhicule – peu répandu – avant de faire part du déroulement – supposé – des faits. En substance, Diane de Nettencourt aurait grillé un Stop puis traité les gendarmes de “bons à rien” avant de porter un coup involontaire à un des militaires. Ces derniers auraient alors saisi «sans rudesse» la mère de famille par bras et jambes avant de la menotter.

«Personnes assermentées»

Accusée d’outrage à personnes dépositaires de l’autorité publique et de rébellion, la menue quinquagénaire aux états de service exemplaires aurait-elle été victime des éventuelles séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en 2007 ? Cette question a été au coeur de l’examen du dossier mené par le juge Thil et ses assesseurs. Les conclusions de l’expertise menée par le docteur Darbourg n’auront mis en lumière aucun trouble majeur, le médecin soulignant une grande rigueur morale et quelques troubles de l’attention.

Manifestement agacée par les piques assénées par Maître Michel – en charge de la défense de Diane de Nettencourt -, le procureur Moré s’est élevé contre les accusations portées par la prévenue. «Cette affaire prend une proportion qu’elle ne devrait pas avoir ! On oppose la caricature des méchants gendarmes à celle d’une femme exemplaire. Il n’est pas nécessaire de pousser des cris d’orfraie, il faut garder les pieds sur terre : les gendarmes ne sont pas là pour multiplier les PV malgré les caricatures de la presse. Nous sommes dans le fantasme et le délire, ces gendarmes n’ont pas voulu se venger du classement sans suite d’un précédent PV. Trois personnes assermentées ont témoigné, ces gendarmes n’ont aucune raison de mentir», soulignait la représentante du Ministère public avant de requérir une simple amende.

«Comportement inadmissible»

Incisif et particulièrement en verve, Me Michel s’évertuait à souligner le comportement inadapté des militaires. «Le travail des gendarmes est difficile, il doit être respecté, mais pour cela, les gendarmes doivent être respectables et respectueux, tonnait l’avocat avant de soulever la nullité du PV daté du 19 novembre pour des faits survenus le 18. Le comportement à l’endroit de madame est inadmissible. La réalité est simple : vexé par le classement sans suite d’un précédent PV, un des gendarmes a reconnu madame et il a voulu se venger. Cette femme parfaite au sens social du terme aurait grillé le Stop alors qu’elle avait constaté la présence des gendarmes quelques minutes plus tôt en allant déposer une amie ! Soyons sérieux, cette dame peut-elle résister avec violence à trois gendarmes ? Je suis inquiet, le mode de recrutement des gendarmes est à revoir, si on m’agresse, il faudra envoyer un cordon de CRS pour me maîtriser ! Je ne vais pas me faire des amis et je peux donner de suite ma plaque d’immatriculation à ces messieurs, mais tant que nous serons en démocratie, nous pourrons compter sur le tribunal afin de prononcer une relaxe.»

Au terme des débats, une certitude demeurait. Qu’il émane des gendarmes ou de Diane de Nettencourt, le mensonge s’est invité en salle d’audience. Le jugement a été mis en délibéré.

 

Note : reconnue coupable, Diane de Nettencourt a fait valoir son droit d’appel.

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