Menace permanente – L’édito de Patrice Chabanet
Les attaques terroristes d’Ouagadougou étaient prévisibles. Le Burkina Faso coche en effet toutes les cases pour être une proie de choix de la mouvance islamiste. Il est voisin du Mali qui n’a dû son salut qu’à l’intervention de la France. Il abrite des forces spéciales françaises. Il est aux prises avec des difficultés internes – notamment une tentative de coup d’Etat – qui l’affaiblissent. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la capitale du pays est la cible des terroristes : 30 personnes tuées en janvier 2016 et 19 en août 2017. Les jihadistes ont compris depuis longtemps qu’ils ne pouvaient pas gagner sur le terrain face à une armée bien organisée qui, de surcroît, a la maîtrise du ciel. Ils mènent une guerre asymétrique à coups d’attentats ou d’actions kamikazes. Cela suffit à déstabiliser les pays affaiblis par la misère et l’instabilité politique, les deux étant liés. La défaite de Daech au Levant ne peut que faciliter le transfert du front vers l’Afrique. Autant dire que l’étendue des territoires concernés va rendre difficile la tâche de l’armée française. On le voit dans le Nord du Mali où les terroristes relèvent la tête.
La suite, on la devine. Elle suscite une simple question : l’intervention française ne risque-t-elle pas de se transformer en véritable galère ? Le penser reviendrait à plaider pour une retraite sans gloire, c’est-à-dire à se soumettre aux exigences des djihadistes. Ce serait, à plus court terme qu’on peut l’imaginer, céder une grande partie du continent africain à la barbarie et à l’obscurantisme. Ce serait, aussi, refuser de payer les pots cassés de la campagne de Libye qui a ouvert un boulevard au terrorisme international. La France a désormais un devoir moral vis-à-vis de petites nations à la merci des affidés de Daech ou d’al-Qaïda. Elle sauve d’ailleurs l’honneur d’une Europe plus que frileuse. Ils sont plusieurs milliers de soldats français engagés dans une guerre longue et difficile, mais décisive.