Mélanie Clément : « A quitte ou double »
La Marnavalaise Mélanie Clément dispute aujourd’hui l’Euro, à Lisbonne (Portugal). Au mieux cinquième sur cette compétition, la judoka va devoir se remettre mentalement de sa toute récente non-sélection aux Jeux olympiques de Tokyo, cet été.
Depuis une grosse semaine – la sélection a été dévoilée mardi 6 avril -, la Marnavalaise Mélanie Clément sait qu’elle n’ira pas aux Jeux olympiques. Un coup de bambou pour la Nord Haut-Marnaise, leader française de la catégorie durant toute l’olympiade (et toujours numéro une française des -48 kilos et N°7 mondiale), avant la percée de Shirine Boukli, 21 ans, et vainqueur de l’Euro 2020, disputé en novembre à Prague (République tchèque), et des Grands chelems de Düsseldorf (Allemagne) et Tel Aviv (Israël).
Forcément, cette décision a toujours du mal à passer pour Mélanie Clément qui, l’an passé, avait son billet en poche pour les Jeux de Tokyo. Ça, c’était avant la pandémie et le report d’un an des JO… La tête doit passer directement sur un Euro à Lisbonne (Portugal), coincé avant des Mondiaux (6 au 13 juin en Hongrie, à Budapest) et les JO. « Cela reste dur à encaisser. Mais c’est un grand championnat. Comme l’annonce a été tardive, je n’ai eu qu’une semaine d’entraînement assez classique. D’habitude, nous avons trois semaines de préparation », résume Mélanie Clément, qui va devoir faire abstraction de l’immense déception le jour J pour aller chercher sa première “breloque” sur un Euro, elle qui a fini cinquième à Prague, en novembre. Une place qu’elle n’a plus quittée depuis (Masters à Doha, Grand chelem de Tel Aviv, celui de Géorgie ayant été annulé, la délégation française étant rapatriée en raison de la Covid). « Cela reste un Euro, le niveau sera dense. Pour moi, c’est forcément compliqué. Je suis toujours dans la déception de mon rêve olympique. Mais il faut faire avec et ne pas se poser des tas de questions. Je vais donner tout ce que je peux. Je n’ai pas eu d’entrevue avec les coaches nationaux. Ce n’est pas le moment et cela ne changera rien. Lucie (Décosse) m’a appelé et nous avons échangé. Mais cette annonce de non-sélection ne lui est jamais arrivée. Cela fait cinq ans que l’on travaille ensemble. Nous avons vécu des bons et des moins bons moments comme toute athlète », poursuit Mélanie, tête de série N°4 aujourd’hui, et qui va forcément avoir du mal à mettre de côté ce crève-cœur le temps de quelques heures.
« Une des médailles qui me manque »
Au mieux cinquième à l’Euro ou sur les Mondiaux, la protégée de Lucie Décosse ne va pas à Lisbonne pour faire acte de présence. « C’est une des médailles qui me manque, et je vais essayer d’aller la chercher. Je vais devoir aller chercher le meilleur sur les deux dernières compétitions, l’Euro puis les Mondiaux. Même si cela ne remplacera jamais les JO. Mais cette sélection prouve que l’on me fait confiance et je jouerai le coup jusqu’à la fin. Je prendrai ma décision en juin quand à la suite à donner à ma carrière. » Pour Francis Clerget, son coach à Marnaval, cela peut être compliqué mentalement de faire le vide. « C’est le contrecoup de la décision, même si Mélanie s’y préparait. Trois filles sont devant Mélanie, les N°1 et 2 mondiales, la Kosovare Krasniqi et l’Ukrainienne Bilodid. Sans oublier une Espagnole, Figueroa. Le fait de ne pas aller aux JO peut aussi être vécue comme une libération. Une médaille, à l’Euro et/ou aux Mondiaux, serait la meilleur récompense de sa belle carrière. L’arrivée de Shirine Boukli a compliqué les choses. Elle n’a pas été préparée à cela. Pendant deux ans, Mélanie a été régulièrement sur les podiums. C’est la dure loi du haut niveau. Je n’ai pas pu aller avec elle sur les compétitions, avec la Covid. Je connais Mélanie par cœur, elle venait au club quand elle avait 12 ans. J’espère qu’elle va parvenir à réussir à enfin monter sur la “boîte”, même si je ne m’attendais pas une telle concurrence en sachant que certaines sont largement qualifiées pour les JO et feront l’impasse aux “Monde”. D’autres essaieront d’être têtes de série à Tokyo.»
Dans une saison inédite, avec peu de compétitions, et deux Euros en six mois, « tout est chamboulé et différent. La cicatrice n’est pas refermée car il va me falloir du temps. A moi de mettre cela de côté le jour de la compétition. Cela sera à quitte ou double. Cela peut être une belle médaille au bout ou une catastrophe. J’essaye de ne pas y penser et de rester focalisée sur l’Euro. Tout va bien physiquement et nous verrons bien comme cela va se passer », conclut Mélanie Clément. Quitte ou double ? Réponse sur les coups de midi, avec un premier combat à sa portée contre la Turque Sahin et une possible demi-finale contre Krasniqi.
Nicolas Chapon