Médecins à Saint-Dizier : les chiffres qui font mal
L’Agglomération du Grand Saint-Dizier souffre d’un manque cruel de médecins, ce n’est pas nouveau. Les chiffres du diagnostic, réalisé début 2023 dans le cadre de la mise en place du contrat local de santé, font même état d’une situation désastreuse.
On savait la situation critique. Elle est même catastrophique. Dans le cadre de l’élaboration de son contrat local de santé, l’Agglo a fait réaliser un diagnostic chiffré de l’offre de soins sur le territoire. Et le tableau n’est pas réjouissant. En 2022, le Grand Saint-Dizier comptait 27 médecins généralistes en exercice. Ils ne seraient même plus que 24 au 1er octobre 2023, pour 56 305 habitants, soit environ 4,3 médecins pour 10 000 habitants, contre 8,4 en France.
Il manque au moins 22 médecins généralistes
Pour atteindre le taux idéal de 10 médecins pour 10 000 habitants, il en faudrait donc 22 supplémentaires. Et cela sans compter les départs en retraite imminents. En effet, 48 % des généralistes en activité ont plus de 60 ans (on monte à 76 % si l’on ajoute les 55-59 ans). Pas étonnant que leur activité moyenne soit largement supérieure à celles de leurs homologues en France.
Et du côté des spécialistes, la situation n’est guère plus reluisante, avec des densités de praticiens bien en-deçà des moyennes nationales : 3,2 dentistes pour 10 000 habitants (5,4 au niveau national), 4,8 kinés (11,5), 1,8 ophtalmos pour 100 000 habitants (6,4), 10,7 orthophonistes, contre 31,6 en France… Seuls les infirmiers libéraux dépassent très légèrement la densité nationale, avec 15,5 professionnels pour 10 000 habitants (15,3 en France).
Les soins dentaires boudés par les jeunes
Sans parler des cardiologues, gynécologues, diététiciens, psychomotriciens, eux aussi en sous-effectif dans l’Agglo, et de l’absence totale de pédiatre libéral. En revanche, l’offre en radiologie, imagerie médicale, urologie, gastro-entérologie et ORL est supérieure à la moyenne. Maigre consolation…
Pas étonnant, donc, que « les habitants du Grand Saint-Dizier consomment moins de soins auprès d’un médecin généraliste que les habitants de la région Grand Est », comme le souligne le diagnostic local de santé. Les enfants de 6 à 12 ans ont, par exemple, un taux de recours aux soins dentaires plus faible que les enfants de la région, d’où un taux de caries plus élevé observé à l’entrée en 6e. Chez les moins de 16 ans, seuls 65,8 % des habitants de l’Agglo ont effectué un examen bucco-dentaire, contre 71,5 % des Français du même âge et même 75,2 % des adolescents de la région Grand Est.
Plus d’ALD, plus de handicaps, plus de mortalité…
Il y a également plus de bénéficiaires en Affection longue durée (ALD) qu’ailleurs (18,5 % de la population, contre 16,2 % au niveau national) et le nombre de bénéficiaires d’allocations liées au handicap est en augmentation (rien qu’à Saint-Dizier, 40 % des moins de 20 ans touche l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, contre 17,8 % au plan régional). Résultat : « la mortalité toutes causes confondues est plus importante sur le Grand Saint-Dizier que sur les autres territoires étudiés (département, région, pays) ».
P.-J. P.