Médecins : pratiquement tous sur la brèche
Santé. Le mouvement de grève des médecins de ville se poursuit encore en ce début d’année 2023. A Chaumont, même s’ils souscrivent pleinement aux revendications, il est très peu suivi. Face à la demande de leurs patients, ils ne peuvent pas se permettre d’être absents. Explications.
La grève des médecins de ville a été reconduite durant une semaine. Après l’action menée au début du mois, ce dernier mouvement avait commencé le 26 décembre et devrait se terminer le 8 janvier prochain avec, en point d’orgue, une manifestation à Paris ce 5 janvier. Des représentants de médecins issus du collectif « Médecins pour demain » devraient être reçus par François Braun, le ministre de la Santé.
A Chaumont, le mouvement est très modérément suivi. Sur les 19 médecins généralistes dans la cité, seuls deux sont absents toute la semaine et il est difficile de savoir s’ils sont en grève ou en congés. Contactés par la rédaction, les autres sont tous à l’œuvre. Ces chiffres sont très éloignés de la tendance nationale où il est affiché, par les professionnels de santé, plus de 60 % de grévistes. Il faut savoir que les médecins exerçant une profession libérale n’ont pas d’obligation de se déclarer grévistes auprès de quiconque.
Cinq médecins en grève
La différence majeure du mouvement actuel est par rapport à la semaine précédente, entre les fêtes, avec une grève davantage suivie. Cinq médecins étaient en grève et souscrivaient aux revendications nationales. Ils font valoir le manque d’effectifs et le non renouvellement des générations, le manque d’attrait de la profession avec des étudiants qui préfèrent se spécialiser et/ou travailler en milieu hospitalier et les tâches administratives qui ne permettent pas d’exercer son métier comme il se doit.
Par exemple, les médecins expliquent que les tâches administratives prennent près de deux heures par jour et qu’il serait intelligent de les consacrer au suivi des patients. D’ailleurs, ils comprennent leur irritation face aux attentes et aux délais pour obtenir un rendez-vous. La revendication qui consiste à doubler le tarif de la consultation de base (de 25 à 50 euros) permettrait, selon eux, d’embaucher du personnel pour l’administratif.
Les médecins contactés s’inquiètent aussi pour leur liberté d’installation qui serait remise en question par des propositions de loi sur les déserts médicaux et qui les obligeraient de s’installer dans des lieux précis. Clairement, ils craignent aussi que d’autres soignants puissent être autorisés à réaliser des prescriptions. Ils pensent aux infirmiers et aux pharmaciens.
Trop d’épidémies
Après avoir effectué la grève du téléphone au début du mois de décembre, un cabinet au centre-ville a repris le travail et ne suit pas le mouvement actuel même s’il le soutient. En fait, les médecins expliquent de ne pas pouvoir se permettre de faire grève en cette période d’épidémies. Ils pensent à la grippe, à la Covid et à la bronchiolite.
Ils expliquent devoir faire face à une demande importante, se disent débordés et ne veulent pas, en faisant la grève, obstruer encore davantage les urgences. Inutile de dire que le sermon de leur ministre qui en appelle à leur responsabilité et qui parle de « mauvaise période » ne leur a pas plu.
Frédéric Thévenin