Mayot, futur crack
Bénéficiant d’une invitation de la Fédération, le Messin Harold Mayot, seulement 17 ans, qui a pris récemment ses premiers points ATP,
a passé le premier tour des Internationaux de Saint-Dizier, hier. Rencontre avec un talent qui veut désormais se consacrer au circuit professionnel.
Actuel N°4 mondial chez les juniors, le Messin Harold Mayot a réussi son entrée en lice, hier, en dominant en deux sets son compatriote Pietri, dans un duel entre joueurs au-delà de la 1 000e place mondiale (6-1, 6-4). Un bon démarrage pour le diamant brut entraîné par Thierry Tulasne depuis l’an passé.
Récent finaliste au Masters en Chine, chez les juniors, le Mosellan de 17 ans apprend très vite. « J’ai pris mes premiers points ATP à Forbach, en 15 000 $, où j’ai été finaliste. Je n’avais fait qu’un ou deux tournois de ce calibre en début de saison. Je n’ai quasiment joué qu’en juniors (4e mondial), et maintenant je me consacre au circuit Future », explique le talentueux joueur, qui garde la tête sur les épaules malgré les succès qui se sont enchaînés. « En juniors, je vais jouer uniquement Roland-Garros l’an prochain. Les deux circuits – junior et professionnel – sont assez proches. Chez les juniors, c’est un petit peu le luxe, car on n’est assez protégés. Sur les tournois comme ici à Saint-Dizier, il faut aller au charbon. Je prends beaucoup de plaisir à jouer. Sur mon premier tour, j’ai été solide, je suis resté calme. Mon adversaire (Pietri) a beaucoup raté au début, mais il a mieux joué ensuite. C’était une belle bagarre », résume le Messin, qui va rencontrer au deuxième tour un gros morceau, avec la tête de série N°2, Huesler, dans le Top 300 mondial.
« Harold a passé un cap »
Pas de quoi l’inquiéter. « Cela va être dur, car mon adversaire a gagné en Challenger, mais je suis prêt. Je me suis bien entraîné et je suis en confiance. Je ne me mets pas de barrière. La différence est mentale. Les meilleurs ici arrivent à rester maîtres de leurs émotions, ils connaissent bien le jeu. Les conditions sont bonnes ici, c’est assez lent et les courts sont quasiment
neufs », poursuit celui qui a connu une grosse progression en 2019. « J’étais régulièrement dans les 50 mondiaux juniors. Et puis j’ai commencé à très bien jouer après Roland-Garros. J’ai gagné un Grade 1 en Allemagne, un Grade A à Osaka, en Asie, et j’ai été demi-finaliste à Wimbledon », enchaîne celui qui souhaite progresser au service et en coup droit, et qui s’appuie sur un très bon revers.
Pour son coach, Thierry Tulasne, ancien très bon joueur, et qui a vu beaucoup de bons joueurs sous giron fédéral, les signaux sont au vert. « Quand on a commencé, Harold était très nerveux et émotif. Petit à petit, en travaillant avec les préparateurs mentaux et moi, il a trouvé du calme. Quand il l’est, il est relâché. Il progresse et gagne beaucoup de matches. Harold a passé un cap grâce à son approche mentale. Il comprend l’importance de l’attitude et du coup, il prend la balle plus tôt. Il écoute, contrairement à beaucoup de jeunes. » Pour monter plus haut, Harold doit marquer plus de points gratuits. « On a géré une douleur à l’épaule et il a été prudent sur ce geste. Harold retourne très bien, il volleye aussi. Il est assez complet. Le prochain tour va être intéressant. Harold a peu de repères sur les Futures. A Forbach, il a fait finale. L’aventure continue. J’espère qu’elle sera longue car c’est intéressant de faire ce chemin ensemble vers le très haut niveau. Il faut monter rapidement, pour rentrer dans les Challengers, mais cela prend du temps car tout le monde joue bien. Le but est d’aller le plus haut possible. Il a bien progressé physiquement, il a gagné en puissance, mais cela ne se joue que dans la tête, être positif. Les matches se jouent à quelques points », conclut Thierry Tulasne, déjà venu à Saint-Dizier avec d’autres tennismen, et qui a hâte de voir son poulain défier le Suisse. Réponse aujourd’hui.
Nicolas Chapon