Mauvaise rencontre
Marqué par le décès de son épouse, un octogénaire du pays joinvillois pensait avoir trouvé soutien et réconfort en la personne de Manon Lescaut. La confidente aura fini par trahir la confiance du senior en encaissant un chèque de 2 500 euros dérobé au naïf et malheureux bienfaiteur.
Les âmes grises se plaisent à abuser des faiblesses d’hommes et de femmes en souffrance. Marqué par le décès de son épouse, un senior du pays joinvillois pensait rompre avec une monotonie ambiante en tendant la main à une femme à la dérive rencontrée dans le cadre d’un séjour dans un centre hospitalier. «Nous avons sympathisé et je suis passé la voir lorsque je suis sorti de l’hôpital, soulignait la victime. Je voulais l’aider, elle avait besoin d’argent et en imbécile que je suis, j’ai accepté de lui en donner à plusieurs reprises. Ensuite, elle est venue chez moi et j’ai continué à lui donner de l’argent pour qu’elle s’achète des chaussures ou des cigarettes.»
Soucieux de s’assurer de la véritable nature de la relation liant prévenu et victime, le juge Thil s’enquérait d’une éventuelle amourette. «Amoureux, moi, à 81 ans, vous n’y pensez pas, s’offusquait l’octogénaire. Elle me plaisait, je ne vais pas vous dire le contraire, mais j’ai été opéré de la prostate et depuis…» Le juge Thil ne souhaitait pas en savoir plus.
«Je veux mon argent»
Les dons réguliers et consentis ne semblent pas contenter Manon Lescaut. En examinant ses relevés de compte courant, le senior constate le vol de deux chèques. D’un montant de 250 euros, le premier a été encaissé par le gendre de la manipulatrice. L’homme ne tardera pas à rembourser la victime. La deuxième formule sera encaissée par Manon Lescaut. La somme de 2 500 euros sera ainsi subtilisée par une amie des plus indélicates.
«Elle n’a pas un rond, mais je veux mon argent, tonnait la victime. Je n’ai jamais donné ces chèques à cette femme, ils ont été volés ! Elle a été sympathique avec moi uniquement par intérêt. J’ai eu le tort de lui tendre la main !»
Réduit à assurer la défense d’une prévenue fantomatique, Maître Charlot donnait une dimension singulière à l’audience. «Je suis incapable d’avoir une vision objective de ce dossier particulièrement complexe, concédait l’avocat. Je n’ai jamais rencontré ma cliente, elle est absente et je n’ai pas de pouvoir. Ce sont mes seules observations !»
Déclarée coupable de vol et d’usage de chèques falsifiés, Manon Lescaut a été condamnée à trois mois de prison avec sursis. A cette peine s’ajoutent des dommages et intérêts d’un montant de 2 500 euros.