Mauvais film – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cannes consacrera un grand film et un immense réalisateur, on n’en doute pas. Le jury aurait pu, aussi, aller chercher du côté des prétoires pour créer l’événement. Il aurait certainement trouvé de quoi donner naissance à un chef-d’œuvre. Deux, même. Enfin… tout est relatif.
Patrick Balkany ne rechignerait sûrement pas à monter les marches du palais des Festivals. Jugé cette semaine avec son épouse pour fraude fiscale, il a joué un rôle qui ne l’a pas vraiment servi. Judiciairement parlant en tout cas. Car pour le reste, ce fut théâtral, rocambolesque. Surréaliste, presque. Palme d’or assurée, rien que pour la performance, totalement déconnectée.
Deuxième superproduction potentielle : le dossier Bygmalion. Nicolas Sarkozy estime qu’il ne peut pas être condamné deux fois pour les mêmes faits dans cette affaire. Le Conseil constitutionnel affirme, à l’inverse, que la sanction financière qui a déjà coûté plus de 300 000 euros à l’ancien chef de l’Etat n’est pas incompatible avec la tenue d’un procès pénal. Rendez-vous, probablement, dans quelques mois, pour une bataille acharnée…
Happy end ou pas pour les deux hommes ? Suspense. Mais en tout état de cause, voilà qui ne va pas contribuer à réconcilier les Français avec la sphère politique. L’ambiance est depuis des mois, voire des années, à la défiance. Au sein même des Républicains, la décision des Sages offre le pire des scénarios. En manque de figures emblématiques, le parti comptait plus ou moins secrètement sur un retour de Nicolas Sarkozy aux affaires, si l’on peut dire, pour reprendre des couleurs à moyen terme. Une éventualité qui pourrait très vite s’éloigner, du coup. Suite aux prochains épisodes.