Mauvais effet – L’édito de Patrice Chabanet
Le tout nouveau ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, a été rattrapé par la patrouille, en l’occurrence Le Canard enchaîné. Rien d’illégal au demeurant, mais un comportement qui met à mal la morale au moment même où son collègue de la Justice, François Bayrou fait le forcing pour lancer son projet de loi sur la moralisation de la vie politique. Rien d’illégal puisqu’il s’agit de location de locaux privés et que des fonds publics ne sont pas en jeu. Plus problématique en termes de morale, puisque c’est la compagne de Richard Ferrand, alors directeur d’une mutuelle d’assurance, qui lui a loué ces locaux. Par les temps qui courent, il n’en faut pas plus pour faire naître un léger parfum de favoritisme. Qui plus est, l’intéressé reconnaît lui aussi avoir employé son fils comme «collaborateur» pendant cinq mois quand il était parlementaire, une embauche qu’il dit regretter aujourd’hui. La droite et l’extrême droite n’ont pas tardé à tirer à boulets rouges sur le ministre. Les Républicains, lestés par l’affaire Bygmalion et par les déboires judiciaires de leur candidat François Fillon, tout comme le Front national poursuivi pour des emplois fictifs, voient se profiler une forme de revanche. En pleine campagne des législatives… Ce n’est pas bienvenue au club, mais une mise à mal du discours présidentiel axé sur la probité à toute épreuve. Certes, le contrat de location qui fait polémique est de droit privé, mais le déferlement des affaires pendant la campagne présidentielle a montré que la morale redevenait une exigence et une condition sine qua non pour faire de la politique. En attendant, la justice a été saisie par la droite. On saura très vite si l’affaire fera pschitt, comme dirait Chirac ou si elle ouvre un feuilleton. En termes politiques, si c’est un simple couac de démarrage pour l’équipe gouvernementale ou un premier accroc sérieux.