Mauvais conte – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le Président américain est un peu comme le Petit Poucet. Il sème une multitude de cailloux, au fil d’une politique dont on se demande d’ailleurs si elle est véritablement structurée. Sauf que, et voilà qui est beaucoup moins romanesque que le conte de Perrault, les graviers lâchés par Donald Trump sont autant de bombes à retardement qui risquent d’exploser à la face du monde.
Le début de mandat du milliardaire a pu faire sourire. Mais jaune, en fait, tant il est toujours apparu évident que la façon de faire du successeur de Barack Obama était aussi dangereuse sur le fond qu’elle pouvait être caricaturale sur la forme.
Ainsi en est-il de sa décision de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, par exemple. La brusque montée de violence entre l’Iran et Israël sur le terrain syrien en est une conséquence directe. Trump a fait sauter un verrou. Le premier n’hésite et n’hésitera plus à faire parler la poudre, quitte à tomber comme jadis dans la provocation. Le second, à l’inverse, pilonnera sans hésiter des cibles identifiées comme iraniennes, persuadé que Washington ne lui en fera jamais le reproche.
Face à ce qui ressemble à une poudrière, la communauté internationale fait ce qu’elle peut. En fait pas grand-chose, sinon dénoncer et appeler à la retenue. Elle marche en fait sur des œufs, coincée, pour résumer, entre Russes, Américains et une multitude de facteurs qui sont autant d’étincelles qui pourraient raviver les flammes en diverses régions du monde.
Dans ce contexte, les tentatives d’Emmanuel Macron d’accélérer les réformes européennes en mettant la pression sur Angela Merkel sont, certes, louables, mais en même temps dérisoires, au moins dans l’immédiat. Elles rappellent que l’Europe, justement, ne pèse pas bien lourd actuellement dans la résolution des problèmes internationaux, face aux fortes têtes américaine et russe.