Mathieu Vol de ses propres ailes
Premier libéro de l’histoire du CVB 52, Fabien Vol a fini sa carrière en Ligue B en Haute-Marne, avant de migrer vers Montpellier pour raisons professionnelles. Aujourd’hui, son fils Mathieu (19 ans) prend le relais, et partage le quotidien de l’effectif héraultais.
Dans le volley français, y compris au plus haut niveau, les gênes se retrouvent de génération en génération. Les Rossard, Tillie et bien d’autres… se succèdent au fil des années sur les terrains de Ligue A, chez les masculins comme chez les féminines d’ailleurs. En Haute-Marne, dont l’entrée dans le monde professionnel par l’intermédiaire du Chaumont VB 52 s’est faite assez récemment en 1996, il aura donc fallu attendre 24 ans pour apercevoir sur les feuilles de match du championnat de France professionnel, le premier “fils de”… Haut-Marnais.
Mathieu Vol a 19 ans et il a intégré l’effectif professionnel de l’équipe de Montpellier cette saison. Fils de Fabien Vol qui a longtemps évolué à la feue ASPTT Chaumont puis au CVB 52 jusqu’en Ligue B, le fiston a donc déjà dépassé son père sur un plan : il peut déjà s’enorgueillir d’avoir côtoyé l’élite hexagonale que son géniteur, lui, n’a pas connu. Un premier palier déjà imposant, même si dans les faits, Mathieu n’est encore qu’en phase d’apprentissage. « En fait, j’ai contacté Olivier Lecat (l’entraîneur héraultais) pour savoir s’il pouvait être intéressé par ma venue aux entraînements, afin de compléter le groupe “pro” et il a accepté. » « Je l’ai observé et me suis dit que son intégration dans l’effectif pouvait être une bonne chose pour lui, évidemment, mais également pour nous, avec un deuxième libéro au profil vraiment intéressant », confirme le coach montpelliérain.
Car c’est aussi une des particularités qui lient le père et le fils dans leur carrière respective. Si Fabien était un réceptionneur/attaquant très stable défensivement et particulièrement dynamique offensivement, à la création du poste de libéro dans le volley moderne, il devient le premier Chaumontais à endosser ce nouveau maillot. Aujourd’hui, Mathieu, lui, suit donc les traces de son père à un poste similaire. « J’aime beaucoup sa façon d’être, son implication au quotidien, poursuit encore Olivier Lecat. Comme Thomas Gil (20 ans et deuxième passeur), ce sont tous les deux de véritables “éponges”. Ils absorbent toutes les consignes très vite et ont les capacités de les reproduire en situation réelle. »
Titulaire en coupe d’Europe
Tellement que l’actuel étudiant en STAPS n’aura pas patienté bien longtemps avant de faire ses premiers pas dans un match professionnel. Dès la 5e journée face à Ajaccio, puis lors de la 8e journée contre Cambrai, Mathieu est appelé à prendre régulièrement place au milieu de ses coéquipers, en défense. « C’est toujours un peu impressionnant d’évoluer aux côtés de tant d’internationaux, mais sincèrement, ils m’ont mis à l’aise assez rapidement. »
Tant et si bien que sa première titularisation, le jeune Héraultais la vit… en coupe d’Europe. A Zagreb, pour le compte des seizièmes de finale aller de la coupe CEV. « Je ne me suis pas pris la tête. Je n’avais rien à perdre. Je me suis débrouillé comme j’ai pu et à l’arrivée, on gagne 3 sets à 1. C’est vrai que rétrospectivement, c’est dingue d’avoir déjà participé à une coupe d’Europe. » « Je n’ai pas hésité une seconde à l’aligner, assure Olivier Lecat. C’était un moment ou le “turn-over” me semblait possible et on a bien fait. En plus, la coupe d’Europe est idéale pour progresser encore plus rapidement. »
Le 13 mars prochain, Mathieu aimerait évidemment être du déplacement à Chaumont et « j’espère que mon père sera également du voyage. On est déjà allé une fois quand j’étais plus jeune en Haute-Marne, et il avait voulu tout me montrer. Mais c’est déjà assez loin. » Pas sûr que si le fils devait alors entrer en jeu devant son père, le plus ému des deux soit l’acteur plutôt que le spectateur. D’autant que Mathieu n’aura pas tant d’opportunités que cela de suivre les traces de Fabien dans la salle Jean-Masson, qui devrait bientôt laisser place au Palestra.
« Je ne savais pas que Mathieu était le fils d’un ancien joueur de Chaumont », avoue d’ailleurs Olivier Lecat. Si cela pouvait légèrement influencer le coach pour au moins une petite apparition sur le Taraflex cévébiste, l’histoire n’en serait que plus belle.
Laurent Génin