Massacre de masse – L’édito de Patrice Chabanet
Le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé hier soir un cessez-le-feu humanitaire d’un mois en Syrie. En fait, il s’agit prioritairement de mettre fin à la tragédie que connaît la Ghouta orientale. Cette dernière doit sa toute récente notoriété au drame humain qui la dévaste. Pour son malheur elle a en effet la particularité de constituer une zone rebelle au régime de Bachar-al-Assad. Depuis quelques jours, le dictateur syrien a décidé d’éradiquer cette poche de résistance. Fidèle à sa réputation, il a mis le paquet. Des centaines de civils, dont de nombreux enfants, ont été tués dans des bombardements massifs. La Russie, alliée de Damas, a toujours démenti sa participation à ce massacre de masse. On peut en douter. Bachar al-Assad doit son maintien au pouvoir à l’aide massive de l’armée russe. En outre, Moscou s’est régulièrement opposé au vote sanction de l’ONU contre le régime syrien.
Les considérations géostratégiques restent peu importantes, serait-on tenté de dire. L’essentiel est ailleurs. Il apparaît, comme un coup de poing qu’on prend en pleine figure, dans les images et les témoignages des humanitaires. Ils parlent d’eux-mêmes. La Ghouta orientale, c’est Guernica version Levant 2018, avec une communauté internationale tout aussi impuissante. Il ne faut pas perdre de vue que le cessez-le-feu arraché hier soir n’est qu’une trêve. On est encore loin d’une paix toujours aussi improbable. Bachar al-Assad, maintenant débarrassé de la menace djihadiste, est bien décidé à liquider toute opposition à son pouvoir. C’est d’ailleurs sa politique répressive qui avait dégénéré en guerre civile, on a fini par l’oublier. On a donc toutes les raisons d’être prudent, pour ne pas dire sceptique, quant aux chances du peuple syrien de voir revenir des temps plus paisibles et moins sanglants. Et puis, pourquoi ne pas le dire, nombreux sont ceux qui ont intérêt à ce que cette région du monde soit ingérable. Des gamins errant entre les ruines, on risque donc d’en voir encore longtemps.