Marquer le territoire – L’édito de Christophe Bonnefoy
Gabriel Attal vient d’entrer dans le vif du sujet. Mais le nouveau ministre de l’Education nationale n’a pas qu’évoqué la rentrée scolaire. Il a même, d’une certaine manière, mis un peu de côté, pour l’instant, ce qui préoccupe généralement professeurs et parents : contenu précis des programmes ou insuffisance des effectifs, entre autres.
Bien sûr, il en a parlé. Evidemment, il a mis dans sa besace des annonces sur le baccalauréat ou les savoirs fondamentaux. Pour le principe, pourrait-on dire. Parce que sur la forme, il a surtout surfé sur une tendance que le ministre de l’Intérieur – et sa Première ministre – avaient dessinée la veille : la chasse aux électeurs du Rassemblement national.
Chacun aura accueilli à sa façon, selon sa propre sensibilité, sa décision d’interdire l’abaya dans les établissements scolaires. Au nom de la laïcité. Si on résume : chez Jean-Luc Mélenchon, on prend cela comme une déclaration de guerre ou pour le moins une décision liberticide. On crie au scandale. Plus à droite, c’est tout l’inverse.
En tout état de cause, et au-delà d’un sujet qui allait forcément faire parler, Gabriel Attal veut marquer son territoire. Il veut trancher avec la politique assez bancale de ses prédécesseurs, Jean-Michel Blanquer et Pap Ndiaye. Une manière, aussi, d’affirmer sa volonté, sa fermeté, bref, sa capacité à mener à bien la destinée du mastodonte éducatif.
Se poserait-il, lui aussi et comme l’a fait la veille Gérald Darmanin, en possible futur candidat à la présidentielle ? Juste une idée, comme ça, en passant…
En attendant, la priorité est à cette rentrée. On espère qu’elle ne se résumera pas qu’à une affaire d’abaya. Les chantiers sont si nombreux… tant en matière de savoirs que de harcèlement scolaire, d’inclusion – où en est par exemple le statut des Accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH)… ?
c.bonnefoy@jhm.fr