Mariana Derand, d’un autre temps
À 21 ans, Mariana Derand est habitée par la mode d’un autre temps, plus précisément des années 1930 et 1940. Sa passion dévorante, synonyme de style vestimentaire reconnaissable entre mille, imprègne un peu son mode de vie, sans complètement la décorréler de la modernité.
Tout est dans le détail. Beaucoup auraient choisi un café ou un lieu commun pour nous rencontrer. Pas Mariana Derand, 21 ans, et passionnée de mode rétro. Ce sera la fontaine Wallace, au commencement de la rue du Docteur-Mougeot. « Je trouve le cadre superbe », confie la jeune femme au style impeccable. Presque tout, sur elle, est d’époque, lors de notre entrevue, mercredi 3 avril. « Je suis habillée dans le style de la période restriction, les années 1940, donc », explique-t-elle. Résultat, l’impression de voir une photo d’archive mouvante, que seuls les rouges criants de son turban et de son rouge à lèvres ancrent dans le présent.
Mordue d’histoire, née en Normandie, près de Honfleur, et arrivée à Saint-Dizier il y a quelques mois, Mariana Derand a des airs d’encyclopédie quand elle s’épanche sur la mode des années 1930 ou 1940. Elle est identiquement attachée aux deux périodes. Autant que faire se peut, elle s’habille avec des tenues d’époque. Avec son conjoint Kévin, ils ont entrepris de redécorer leur logement avec des meubles anciens. Et « je suis du genre à vouloir faire des pique-niques en sortant le gramophone », sourit Mariana.
Mariana, hyper-connectée
D’un autre côté, la néo-Bragarde est hyper-connectée. Sur son smartphone, elle arpente les sites de mode de seconde main pour trouver des pièces rares et inonde ses réseaux sociaux – Instagram et TikTok – de clichés pris à l’argentique. Le grand écart est maîtrisé. « C’est vrai que c’est un peu un paradoxe. Quand on voyage, on a tous les deux notre casque audio, pour écouter notre musique, mais chez nous, on va privilégier le vinyle », s’amuse Kévin, 24 ans. Ultime pied de nez au rétro, les deux se sont rencontrés grâce à une appli.
En parlant de musique, outre la mode, c’est un indispensable dans la vie de Mariana. Lucienne Delyle, Edith Piaf et Vera Lynn côtoient Rammstein et Nirvana, dans une playlist au final éclectique. « Il n’y a que la techno et le rap, auxquels je n’accroche pas », assure la jeune femme qui aimerait bien reprendre l’escrime, si l’occasion se présente.
Faire fi des remarques
Elle a pratiqué quand elle était jeune, puis a arrêté. C’était un peu avant que son arrière-grand-mère Eliane ne la fasse tomber dans le vintage. « Ça me touche, je suis émue, parce que ma grand-mère, c’était tout pour moi, et avec Mariana, elles avaient leurs moments privilégiés », se réjouit Vanessa, sa maman, habitant Pont-Audemer, dans l’Eure.
Au collège, Mariana s’habillait de son propre aveu, « comme tout le monde ». Puis elle a trouvé son style. Les remarques fusent et ont fusé, dans la rue et sur les réseaux sociaux. « Une fois, sur TikTok, on m’a appelée Eva Braun… », grince-t-elle. Mais ces commentaires restent minoritaires. Et puis, de toute façon, Mariana a appris à les ignorer. « Je me sens dans ma bulle, c’est mon monde, ça me plaît », relativise-t-elle. Ça, c’est tout sauf un détail.
Dorian Lacour