Marché couvert : « 4 jours par semaine, ce n’est pas jouable »
COMMERCE. La Ville souhaite ouvrir son futur marché couvert quatre jours par semaine. Mais pour la plupart des commerçants du marché du centre-ville interrogés samedi matin, il est impossible de déballer plus de deux jours. Ils doivent rencontrer les élus ce lundi 17 octobre, pour en discuter.
« Un marché, il faut que ça vive. Quatre jours par semaine, ça me paraît un peu ambitieux… » Cette Bragarde rencontrée samedi 15 octobre, au marché du centre-ville, ne croit pas trop aux ambitions de la Ville. Quentin Brière a en effet annoncé à plusieurs reprises qu’il souhaiterait voir le futur marché couvert s’animer quatre jours par semaine. Mais pour les commerçants, c’est tout simplement impossible.
« Qui va s’occuper de l’élevage si je suis ici quatre jours par semaine ? Quelqu’un qui est juste revendeur peut peut-être faire ça, mais pour un producteur, ce n’est pas possible. »
« Je suis éleveuse-productrice », explique Caroline, de la chèvrerie du Pont-Urgin, à Planrupt. « Qui va s’occuper de l’élevage si je suis ici quatre jours par semaine ? Quelqu’un qui est juste revendeur peut peut-être faire ça, mais pour un producteur, ce n’est pas possible. » Même avis du côté de Giovanni, le poissonnier : « On ne peut pas être à Boulogne-sur-Mer pour acheter le poisson et à Saint-Dizier pour le vendre ! », ou chez Bruno. « Quatre jours par semaine, ce n’est pas jouable. On leur a déjà dit plusieurs fois. Il faut fabriquer aussi ! Si je ne fais pas ma découpe, je ne peux pas vendre… »
« Si c’est pour faire 200 euros, ça ne sert à rien »
Et le boucher de Bayard-sur-Marne d’avancer un autre argument. « Je suis prêt à venir un jour de plus, le mercredi, pour voir si ça fonctionne. Mais si c’est pour faire 200 euros, ça ne sert à rien, d’autant qu’il faudra que je paie quelqu’un en plus. » La question financière, c’est aussi ce qu’avance ce volailler, qui a fait ses calculs. « Ça me coûtera 9 000 euros par an de venir ici quatre jours par semaine. Va falloir en vendre des poulets ! », lance-t-il, en précisant qu’il était, lui aussi prêt à tenter un deuxième jour, mais pas plus.
« J’y crois, mais c’est un gros risque »
Rudy, lui, est prêt à tenter l’aventure. « J’y crois, mon métier c’est de partager ce que je produis et de faire redécouvrir la production locale. Mais c’est un gros risque. Aujourd’hui, je paie environ 200 euros par mois pour m’installer ici. Je vais passer à 1 000 euros, avec plus d’heures à payer à ma salariée. » Mais pour le maraîcher de Saint-Ouen-Domprot, dans la Marne, il reste tout de même une inconnue : « Est-ce que les clients seront là ? »
« Si la Ville avait concerté un peu plus… »
Sur ce point, tous les autres commerçants sont unanimes : Saint-Dizier n’offre pas un potentiel de clients suffisants pour faire tourner un marché quatre jours par semaine. « Même à Reims, ce n’est pas ouvert autant. Je pense qu’ils ont vu un peu trop grand », ajoute Caroline, suivie par Giovanni : « Toutes les villes où ils ont essayé, ça n’a jamais fonctionné. » Et ce dernier commerçant de conclure : « Si la Ville avait concerté un peu plus les premiers intéressés, on n’en serait peut-être pas là… »
Commerçants et élus vont discuter du futur marché
En attendant l’ouverture du nouveau marché couvert, espérée pour la fin de l’année, commerçants et élus ont rendez-vous ce lundi 17 octobre pour aborder toutes ces questions. Et tenter de sauver cet investissement de plusieurs millions d’euros d’un échec annoncé…
P.-J. P.