Marche à tâtons – L’édito de Patrice Chabanet
L’incertitude aura été le maître mot de cette pandémie. Vérité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Freine-t-elle à un endroit qu’elle se développe ailleurs. Et quand cette incertitude croise les indécisions et les atermoiements des gouvernants se coagulent le désarroi de l’opinion publique, sa méfiance et son incrédulité. Dernier exemple en date : la sortie du confinement. D’un côté, le gouvernement nous prévient que le gros de la crise n’est pas encore derrière nous. Mais, dans le même temps, les ministères travaillent déjà sur une première salve de déconfinements à partir du 15 mai, histoire de respecter la parole présidentielle. Pour corser le tout, les sachants – les spécialistes en réanimation, les infectiologues et les épidémiologistes – ne sont pas d’accord entre eux. L’impression qui prévaut, c’est qu’on s’achemine vers une entrouverture. Une cote mal taillée dont on connaît l’impact : susciter l’hostilité conjuguée des pour et des contre. Et celle de ceux qui ne feront pas partie des premiers bénéficiaires.
Sur le plan purement scientifique, Pfizer qui peut se targuer d’un succès incontestable, fait souffler le chaud et le froid. Son PDG vient d’annoncer qu’une troisième injection serait certainement nécessaire pour parer à toute éventualité, notamment l’apparition de nouveaux variants. Une information qui mérite d’être confirmée par les autorités médicales, pour dissiper toute tentation commerciale. Le doute est partout.
Pas de certitude quant aux conditions de sortie du confinement, pas de certitude non plus sur la durée d’efficacité du vaccin, un niveau de contamination encore élevé : voilà un cocktail qui n’engendre pas un optimisme béat. Et pourtant, il faut y croire. Et mesurer tout le chemin parcouru depuis l’apparition d’un virus aussi inconnu dans ses effets que redoutable. L’espoir encore fragile ne doit pas céder à la sirène du désespoir.