Manque de recul – L’édito de Christophe Bonnefoy

La France a fait hier la connaissance de Mauricette, toute première bénéficiaire du vaccin contre la Covid-19. En soi, l’arrivée du remède tant espéré ne devrait poser aucun problème, bien au contraire. Même si les complotistes auront une nouvelle fois bien des choses à dire sur le sujet.

Reste que ce premier jour de vaccination a pu laisser un sentiment mitigé. Personne ne sait exactement quels effets aura le vaccin sur la pandémie. L’annonce de son existence est arrivée vite. Trop vite presque. Par définition, le recul n’est pas assez important, alors que seules treize personnes ont pu en bénéficier hier.

C’est à se demander, d’ailleurs, si le remède n’a pas pour objectif, au moins dans un premier temps, de soigner la tête plutôt que le corps. D’insuffler de l’espoir là où il y en a moins, plutôt qu’offrir un rempart définitif au virus. Seul le temps apportera des réponses. Mais en tout état de cause, une simple séance de vaccination s’est hier transformée, peu ou prou, en belle opération de communication, applaudissements nourris des équipes médicales à l’appui, devant de nombreuses caméras. Gênant, presque.

Un peu comme si ce fameux vaccin était devenu, l’espace d’un instant, le remède à tous les maux. Alors même qu’on nous parle d’une nouvelle souche de Covid. Alors même qu’un reconfinement strict et total est une hypothèse de plus en plus plausible à court terme. Impossible de ne pas rappeler que les derniers mois ont été jalonnés de faux espoirs. Même le vaccin d’un grand laboratoire ne peut nous le faire oublier. Pour le moment, on en est – encore – réduit, et au moins pour quelques semaines ou mois, à ce qui est encore le plus sûr : respecter les gestes barrières et porter le masque.