Manipulations ignobles – L’édito de Patrice Chabanet
Loin de chez nous, mais pas tant que cela, se joue un drame. Tout se passe à la frontière de la Belarus et de la Pologne. Des milliers de réfugiés attendent de pouvoir passer, après les promesses insensées des dirigeants de Minsk, et notamment celles du président truqueur d’élections, Alexandre Loukachenko. Ce dernier entend se venger des sanctions économiques imposées par l’Occident après le piratage de certains vols. Pour une fois, l’Europe ne veut pas céder. D’autres sanctions tomberont bientôt pour que l’acheminement forcé des migrants ne reste pas impuni. Le spectacle quotidien de ces colonnes de réfugiés coincés entre l’armée polonaise et les soldats bielorusses a quelque chose d’avilissant. Les gesticulations géopolitiques ne constituent qu’un volet de l’affaire.
Il est assez piquant de voir ces deux nations de l’ancien bloc soviétique à deux doigts de la confrontation militaire. Pour le moment, semble-t-il, le Kremlin qui tire les ficelles tient à éviter que des incidents fasse dégénérer une tension toujours plus forte de jour en jour. Poutine est conscient que l’Europe s’affaiblit dans un dossier – l’immigration – qui alimente les batailles de politique intérieure. Mais, dans le même temps, il cherche à éviter un conflit régional. Il sait aussi que la Pologne n’est vraiment pas disposée à accueillir des migrants. Une alliée objective en quelque sorte.
En attendant, la situation paraît bloquée, une perspective inquiétante à l’approche de l’hiver. Nul ne peut en prévoir l’issue. Qu’on le veuille ou non, une nouvelle version de la Guerre froide réapparaît. Avec les mêmes menaces, les mêmes interrogations.