Manif interdite – L’édito de Patrice Chabanet
La manifestation pro-palestinienne qui devait se tenir aujourd’hui à Paris a été interdite par le ministre de l’Intérieur, interdiction confirmée par le tribunal administratif. Comme en pareil cas, les organisateurs passeront certainement outre. On le saura cet après-midi. Une fois de plus, la polémique est rallumée. L’interdiction de manifester n’est-elle pas en contradiction avec le principe des libertés fondamentales définies par la Constitution ? Une lecture littérale du droit pourrait le faire croire. Sauf que ceux qui nous gouvernent doivent tenir compte – aussi – du principe de réalité. Or d’inquiétants précédents ont dû peser lourd dans la balance. En 2014, on a entendu « mort aux juifs » dans les rues de la capitale. Officiellement la manif se voulait pro-palestinienne. Dans les faits s’y étaient glissés des extrémistes de tout poil, notamment des partisans du Hamas, une organisation terroriste, et des groupuscules de l’extrême gauche française qui font semblant de ne rien voir. Leur antisionisme affiché constitue de fait la vitrine légale de l’antisémitisme.
Dès lors on peut comprendre l’interdiction de la manif prévue cet après-midi. Dans un pays où la violence tient le haut du pavé, la sagesse est de ne pas prendre de nouveaux risques. L’argument selon lequel interdire a priori un défilé contestataire est une violation de notre modèle démocratique ne tient pas. Surtout quand certains ajoutent sans sourire qu’en cas de débordement il sera toujours temps de laisser la police et la justice faire leur travail.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de cautionner la politique du gouvernement israélien et son cousinage avec une extrême droite raciste. Mais de tarir la source d’un discours antisémite de plus en plus décomplexé. Prévenir plutôt que guérir. La France s’est suffisamment déshonorée entre 1940 et 1945 pour ne pas fermer les yeux sur des comportements odieux et inacceptables.