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Mamma mia

Monique, Georges, Robert et les autres.

Pas facile pour un homme de parler du sein, pire encore des seins, sans crainte d’être taxé de lubricité ou de dérive sexiste. Sachez d’abord que le mâle humain est lui aussi muni de glandes mammaires et de tous les éléments qui les accompagnent.

Et puis au sein de cette rubrique, on ne parle que des mots… Certes, le sein de la femme se développe à la puberté, celui de l’homme restant nanifié en l’absence d’un oestrogène : l’estradiol. Avant ces changements importants du corps, les tétés semblent identiques chez les petits garçons et les petites filles.

C’est le sinus latin qui nous a amenés là. La toge des Etrusques, pièce de toile sans couture, était portée chez les Romains. Le nom de sinus était donné au pli semi-circulaire que forme la toge relevée sur l’épaule, une sorte de poche dans laquelle les mères portaient leur enfant. Le terme sein lui-même désigne l’emplacement. On retrouve encore ce sens quand on situe un individu, par exemple, au sein d’une communauté.

L’enfant est donc au sein de sa mère, contre son corps, plus précisément contre sa poitrine. C’est ainsi qu’il faut imaginer l’origine du mot seins au pluriel, terme désignant cette fois les mamma, puis mamilla latines. Au sein de la mère se trouvent donc un sein droit et un sein gauche. L’homme est bien un mammifère, soit un porteur de mamelles, mais on réservera ce dernier terme aux animaux. Le radical latin mamma est suffisamment rappelé jour et nuit dans le mot français maman et ses traductions. Et puis, comme l’a remarqué François Cavanna : « Si les petits des oiseaux tétaient, avec leur bec pointu, ils feraient très mal aux seins de leurs mamans ».

Sorti du sein

Les généalogistes rencontrent souvent sur les actes de naissance la mention “enfant sorti du sein de sa mère”, que l’enfant soit ou non décédé à la naissance. C’est un autre terme latin, uterus, qui devrait correspondre à cette acception. Origine compliquée donc pour le mot sein, d’autant qu’on a conservé le terme d’origine, sinus, pour désigner les quatre paires de poches situées près des fosses nasales, productrices de mucus essentiels pour la défense immunitaire et la filtration de l’air. L’infection du sinus frontal provoque la bien connue sinusite. Voilà, finissons-en, les mamelles des femmes sont des seins. Et, mystérieusement, elles parviennent à s’habiller avec un décolleté.

Le sein est entouré d’homophones : sain d’esprit ou Saint-Esprit, ceint d’une écharpe ou blanc-seing, tous ont des origines latines distinctes (sanus, sanctus, cingere, signus). Confusion à l’origine de nombreuses blagues. On doit notamment sortir les saints dès le début de la procession. Ou encore admirer cette maman citoyenne, à la fois mère et maire, qui présidait une cérémonie, ceinte et enceinte.

Gros sur le cœur

Ne comptez pas sur moi pour énumérer les nombreux termes du langage populaire et de l’argot utilisés pour désigner les seins en français. Un dictionnaire bilingue de 2003 en recensait 122 ! Chacun d’entre vous en retrouvera une douzaine en moins d’une minute. Top départ ! Si vous séchez, réécoutez Pierre Perret, relisez les San Antonio ou procurez-vous une bible du genre comme le “Bouquet des expressions imagées” de Claude Duneton (Plon, 1990, Laffont 2016). Le plan de Loches ou le Robert en deux volumes pourront également vous être utiles. Toutefois, je ne résiste pas à la tentation de vous montrer… quelques métaphores délicieuses. La forme du sein pourra aller de l’œuf-au-plat aux obus tant recherchés en passant par le gant de toilette et les pare-chocs protecteurs. La femme qui a du monde au balcon peut, plus discrètement, avoir de la conversation ou des avantages et même, prévoyant les fêtes de fin d’année, des oranges sur la cheminée.

Il ne faut pas mordre le sein de sa nourrice, dit un proverbe. L’image est plus pacifique que celle de la balle tirée dans le pied, d’un sens voisin. Ecrivains et humoristes ont eux aussi mis le doigt sur le sujet. « Le pastis, c’est comme les seins : un ce n’est pas assez et trois c’est trop », aurait dit Fernandel. Pierre Desproges conseillait ces dames : « Si vous avez les seins qui tombent, faites-vous refaire le nez, ça détourne l’attention ». L’excellent Vincent Roca a noté quant à lui : « Se faire refaire les seins, ça coûte la peau des fesses ».

Une référence indispensable pour terminer : l’irrésistible “Histoire de mes seins”, de Monique Ayoun, avec des dessins de Wolinski, sortie chez Plon en 2004 et rééditée en poche en 2008 par les éditions La Musardine. Je l’ai relue une paire de fois.

De notre correspondant Florent Desprez

La petite phrase : «Enormes, minuscules, galbés, vos seins sont parfaits, tant qu’ils sont en bonne santé». Slogan de La Ligue contre le cancer à l’occasion d’Octobre rose 2023, incitant les femmes à se faire dépister dès 50 ans.

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