Malgré tout… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Même pas besoin d’être une petite souris pour imaginer la teneur des conversations, ce soir pendant le réveillon. On risque bien de peu évoquer la cuisson de la dinde. D’ailleurs, puisqu’on en parle, le volatile agrémenté de quelques marrons ressemblera peut-être plus à un caneton qu’à une pièce de bonne taille.
La faute au virus. Car même si, exceptionnellement, les portes du confinement ont été entrouvertes par le gouvernement pour ce 24 décembre, la mise sur pause du couvre-feu n’aura sans doute pas redonné l’allant nécessaire pour profiter pleinement d’une ambiance de fête au minimum extrêmement feutrée. En petit comité, pour la plupart des Français, qui auront, n’en doutons pas, joué la prudence, alors que les courbes continuent de s’affoler. Le ou la Covid. Premier débat de la soirée. Puis on passera à une sorte de rétrospective de 2020, qui se résumera d’une simple phrase : on a quand même vécu une année très bizarre. Et on enchaînera sur d’autres débats, sans doute : fallait-il confiner en mars ? Fallait-il déconfiner en juin ? Fallait-il partir en vacances en août ? Fallait-il rouvrir les petits commerces ? Ou, à l’inverse, fallait-il laisser fermées les portes des restaurants, des salles de spectacle, des cinémas ? Et au fait, la vaccination ? Qui ira ? Qui n’ira pas ? Qui fera confiance ? Qui attendra pour voir ? En fin de repas, après quelques escarmouches familiales, on jouera, aussi, les devins. A quoi faut-il s’attendre pour 2021 ? On refera le monde (politique) en jouant les scientifiques, les gouvernants. Les Madame Irma, en quelque sorte.
Bon, accordons-nous pour reconnaître que cette année 2020 aura été l’une des pires qu’on ait pu vivre. Pour craindre, aussi, une année 2021 pas des plus simples. Mais comme le veut la tradition, et même si les mots peuvent sonner faux, souhaitons-nous, tout de même, un Joyeux Noël. Malgré tout.