Maladivement anxieux, le chien Iago chamboule leur quotidien
Petit nom Iago (pour Monsieur, c’est Yago). Recueilli à 6 mois dans un refuge haut-marnais, ce chien est maladivement anxieux. Impossible de le laisser seul, sauf à ce qu’il se gratte au sang. Iago est suivi par plus de trois vétérinaires.
« Pendant le confinement, au moins avait-on avait la même vie que tout le monde… ». La ressemblance avec son prochain apporte parfois du confort, Claude en est maintenant sûr. Cette parenthèse s’est refermée, et le quotidien de son foyer est redevenu à part, notoirement singulier. Depuis près de 9 ans, quand, avec son épouse, il a recueilli un chien dans un refuge à Valdelancourt. « Il avait été trouvé en compagnie d’un chat, dont on l’a vite séparé ». Ce chien « tout penaud dans son coin », aux airs de « routard », séduit Claude et son épouse. Le couple va le voir le week-end, le promène… et finit par aller le chercher pour l’adopter, « un jour où, pour les besoins d’une course cycliste, les routes étaient barrées » : Claude s’en souvient comme si c’était hier. Un jour de 2013.
Stratégies d’aménagement
« Son anxiété s’est accrue au fil du temps ». Claude essaie d’en rire. « On ne peut pas dire qu’il ait eu un accident de poussette… ». La santé fragile de Iago a des répercussions sur le quotidien du foyer. « On ne peut pas aller au cinoche ». Surtout, la vie courante est devenue l’objet de la mise au point constante de stratégies. Faute de quoi, Claude retrouve Iago en sang : dès qu’il est seul, il se gratte avec frénésie. « Quand on va chez le coiffeur, c’est plus long pour ma femme, moi, en vingt minutes chrono, c’est fait et je fonce dans la voiture retrouver mon chien ». Las, c’est encore trop pour Iago. « Il s’est déjà bouffé les poils et il faut sortir le mercurochrome ». Claude emmène ensuite se promener son chien pour qu’il décompresse. La question devient épineuse en cas d’enterrement. « On doit le laisser à la maison. Alors on lui met un chat ou deux… mais quand on revient… ». Sans compter que Iago a développé d’autres problèmes de santé prégnants.
Shampoings urticants
« Il y a cinq ou six ans, il a contracté une démodécie ». Pour résumer, des acariens se sont nichés dans ses poils. Avec son épouse, Claude demande au vétérinaire de « pousser les examens ». Il contacte conjointement d’anciens vétos capés. « En été, Iago a besoin d’un apport en vitamine D ; en hiver, on doit lui mettre un petit manteau ». Il faut aussi lui faire des shampoings… et ce n’est pas une mince affaire. « Je dois mettre un masque, des gants… et je me gratte après pendant trois ou quatre jours, facile ». Ce n’est pas tout. En 2018, des problèmes de thyroïde sont diagnostiqués. Un traitement médicamenteux est prescrit à Iago. Qu’il faut sans cesse réajuster, parce que des remèdes tombent en désuétude, et en fonction des résultats d’analyses pratiquées tous les six mois pour cette pathologie, sachant que d’autres portent sur ses poils car sa démodécie reste active. « Apparemment, il y aurait une passerelle entre le dysfonctionnement thyroïdien et son anxiété ». Pour le volet démodécie, « il faut faire attention aux effets secondaires des traitements ». Aujourd’hui, trois vétérinaires ou anciens vétérinaires, dont certains à la tête de « gros labos » et l’école vétérinaire de Lyon suivent Iago. « Il est bien entouré ». Situation justifiée aux yeux de Claude : « c’est un cas ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr