Mal parti… ou pas du tout – L’édito de Christophe Bonnefoy
«SNCF, à nous de vous faire préférer le train». «SNCF, c’est possible». Oui, tout est possible lorsqu’on emprunte les chemins de fer. Y compris la visite imprévue d’un petit coin de campagne, pendant des heures, faute de pouvoir redémarrer. Du coup, préférer le train… pas sûr. Surtout quand la grève pointe le bout de son nez.
La période est à la contestation. Les agriculteurs nous nourrissent, mais pour certains ont du mal à se nourrir. Leur tout récent mouvement a emporté l’adhésion des Français. Les cheminots, eux, nous transportent. Mais tout est toujours possible, une fois l’achat de son billet validé. Y compris ne pas pouvoir partir. Ici, l’adhésion aux causes des contrôleurs sera sans doute toute relative pour ceux qu’on appelait autrefois des voyageurs et sont devenus des clients, par les voies détournées du marketing.
Le week-end sera long. Compliqué, surtout, pour des millions de Français. Pas les vacanciers haut-marnais… encore au travail pour quelques jours. Nous, ici, avons pourtant bien des soucis pour accrocher le wagon du progrès, parfois, dès lors qu’il faut relier une ville à une autre. Les Parisiens, entre autres, ceux qu’on imagine de manière un peu caricaturale vouloir rejoindre les pistes enneigées, devront peut-être remiser les skis au placard. D’autres éviteront d’envoyer les bambins chez papi et mamie.
A la SNCF, les grèves – évidemment pile poil pendant les périodes de grands départs, sinon, ça ne gênerait personne – sont devenues une habitude. Une constante, presque.
Les revendications ont toujours, forcément, un fond de légitimité. Plus ou moins mal ressentie par les usagers, bien sûr. Mais de l’image de nantis à celle de salariés malmenés, la grève trouve sûrement un début de justification en un juste milieu. Admettons.
Toujours est-il que ce côté prise en étau des voyageurs peut apparaître usante. Dit autrement : ce sont toujours les mêmes qui trinquent.