Mal jaugé – L’édito de Christophe Bonnefoy
Jean-Pierre Mocky nous avait gratifiés d’un “Drôle de paroissien”. Le film avait – et a toujours – le don de nous faire sourire, sur fond de délires du réalisateur et d’une religion gentiment tournée en dérision. En l’occurrence, hier, les paroissiens n’ont pas trouvé très drôles les conditions de réouverture des églises. Une espèce de demi-mesure qui apparaît dénuée de bon sens. Pas plus de 30 fidèles présents aux cérémonies religieuses.
Soit. On peut comprendre qu’un édifice qui aurait l’allure d’une chapelle – voire d’un confessionnal, soyons fous ! – ne puisse accueillir que quelques fidèles, même masqués. Distanciation oblige. La santé avant tout ! On risque en revanche de perdre en route, au hasard des travées, ceux qui auront eu l’idée d’assister à l’office dans leur cathédrale préférée. Incompréhensible. Tellement insensé d’ailleurs, que le Conseil d’Etat s’est empressé hier d’ordonner au gouvernement de revoir sa copie dans les trois jours.
Les offices religieux ne sont pas les seuls endroits qui interrogent. Les stades, par exemple ? Là aussi, on pourrait comprendre qu’on empêche plusieurs milliers de personnes d’assister à la rencontre dominicale sur le petit stade du village. Mais plusieurs milliers au Stade de France, pour ne citer que lui, disséminés aux quatre coins de l’enceinte ? Ceci dit, encore faudrait-il qu’on n’ait pas la brillante idée de regrouper les supporters au même endroit. Ça s’est vu. Les questions se posent, aussi, pour d’autres lieux, culturels notamment. Mais on évitera d’évoquer le métro, qui n’est pas un lieu de culte, ni de culture, ni une enceinte sportive. Même si attraper le bon wagon peut en l’occurrence s’apparenter à une redoutable compétition.
De quoi y perdre son latin…