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Maître artisan : le savoir-faire de Guy Mougeot

Lorsque le citoyen Alexandre Mougeot crée son échoppe de cordonnier à Chaumont en 1830, il ne se doute pas forcément que cinq générations de Mougeot plus tard, au XXIe siècle hésitant, un certain Guy du même nom, du même sang, porterait haut et fort les valeurs du même savoir-faire, du même artisanat. (JHM du 13 décembre 2016)

Car le cordonnier Guy Mougeot est maître artisan, statut qui implique quelques différences entre son Métier et les services que propose un vendeur de clés et de cartes de visite. On n’est pas dans le même monde.

Son monde à lui commence dès l’enfance, dans l’atelier où travaillent son père et ses compagnons. Le bac en poche, Guy entre au lycée des cuirs et peaux, Porte de Pantin, à Paris. Il avait donc déjà quelques bases, il connaissait quelques gestes. Il peaufine. Autant dire que ce n’est pas exactement un débutant qui reprend l’affaire familiale, Place des Halles, à Chaumont. Il maîtrise son art et Robert Buguet le sait, ô combien, lorsqu’il lui remet en 1998 son diplôme de Maître-artisan.

Ce titre vient d’abord sanctionner une compétence avérée. Celle justement qui n’est plus requise lorsqu’on crée une entreprise, lacune qui met Guy Mougeot dans tous ses états. Cette compétence qui est la noblesse du Maître-artisan lui permet aussi de dispenser de la formation professionnelle, celle qui fait tant défaut aux bricoleurs qui s’installent peut-être parfois trop facilement pour inscrire leur projet dans le temps.

Guy Mougeot aime à rappeler qu’il a grandi et appris dans un univers à une époque où les chaussures étaient encore «un moyen de transport». «Il fallait qu’elles soient solides, fiables, et qu’on puisse les réparer». Ce sont les repères sur lesquels il a adossé son patient apprentissage : «quand on aime un métier, on veut le faire correctement. Déjà, il faut l’apprendre. Il faut observer avant de toucher aux outils». Il a observé, puis touché, longtemps, aux outils en bois de buis.

Vous en connaissez d’autres, capables de restaurer une malle de diligence, de concevoir une courroie de fusil de chasse, de fabriquer sur mesure un sac de photographe ? C’est ce qu’on appelle un “Maître-artisan”. C’est peut-être un râleur au verbe haut ; c’est surtout un type qui sait de quoi il parle en matière d’artisanat et de savoir-faire.

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