Maison Maignien : retour sur un chantier poussif
A Bourbonne-les-Bains, le chantier de la Maison Maignien est à l’arrêt. Son bénéficiaire Jean-Marie Thiebaut, ex-maire de Fresnes-sur-Apance, l’a motivé par le décès de Mme Clerc, dont il était, en tant que particulier, le tuteur. Pourtant, les travaux ont cessé avant.
« La restauration du bâtiment des meublés est arrêtée parce que Mme Clerc est morte ». C’est le motif que Jean-Marie Thiebaut a invoqué pour motiver l’arrêt des travaux dans la Maison Maignien, sise avenue du Maréchal De Lattre de Tassigny, à Bourbonne-les-Bains. Encore maire de Fresnes-sur-Apance, il avait expliqué fin 2020 que cet investissement, destiné à construire des meublés, était une alternative à l’édification d’une résidence MARPA que l’époux d’Édith, Gilbert Clerc exigeait en contrepartie de son legs à la commune, avec le fleurissement de sa tombe. Or, ce motif est contesté. Nombre de personnes soutiennent que la mise à l’arrêt date de juillet 2021, même si le matériel a été enlevé à l’automne suivant. Soit six mois avant la mort d’Édith Clerc. Et elles pointent des singularités à ce chantier. Qui avait déjà connu des coups d’arrêt.
Absence d’affichage réglementaire
« L’immeuble était à vendre 140 00 € ». Dominique Richard-Brice l’apprend en signant la déclaration d’intention d’aliéner. Elle est alors maire de Bourbonne. Les ayant-droits -une trentaine- ont refusé l’héritage. Résumé de quelques-uns : « tout est parti aux Domaines ». Le chantier aurait débuté à l’automne 2018, par l’intérieur. André Noirot a alors remplacé Dominique Brice. Alentour du chantier, on voit les entreprises venir tour à tour. L’absence de panneau d’affichage d’autorisation d’urbanisme, pourtant obligatoire, surprend.
Enjambement ?
« La bâtisse est située à moins de 500 mètres de l’église qui est classée monument historique. Il faut donc un accord préalable de l’architecte des bâtiments de France (ABF) pour engager des travaux ». Dominique Richard-Brice est loin d’être seule à douter qu’il ait été consulté. Pour beaucoup, « de permis de démolir, il n’y a pas eu ». Des professionnels précisent : c’est « la demande complémentaire de permis de construire » qui a manqué. Or, une tour en pierres de taille et coiffée d’ardoises sera détruite. L’ex maire en reste coi. « Les ouvriers l’ont abattue à la pioche ». Les matériaux de qualité sont évacués -à distance. On s’étonne aussi de la manière dont l’accès au chantier est facilité aux engins -les bornes de la ruelle d’Orfeuil démontées par exemple. « Sans qu’on voie d’arrêté ».
… et le cadre apparut
« Le panneau d’affichage réglementaire a été posé… tardivement sur le chantier ». Le bénéficiaire est Jean-Marie Thiebaut -le mandataire d’Édith Clerc. Le permis de construire a été délivré le 6 février 2020. La Ville précise que sa demande « date du 7 novembre 2019, pour un début des travaux le 12 février 2020 ». La délivrance de ce permis a été retardée car il faut un parking à ce projet de plus de vingt logements. A cette époque d’ailleurs, la Ville préempte une habitation.. pour son parc. Tant pis pour les acheteurs, qui ont signé le compromis en mai 2019… On retient surtout que les travaux ont été engagés avant que la réglementation le permette.
Le chantier bégaie
« Il y a eu des arrêts de chantier ». Comme d’autres témoins, Dominique Richard-Brice constate que les travaux bégaient. Un changement de maître d’œuvre est notamment opéré. Dans le secteur du bâtiment, on évoque des défauts de paiement. Mais que va devenir ce chantier ? « Les travaux reprendront ». C’est la réponse du maire André Noirot à l’élu Olivier Ladrange, qui s’étonnait de le voir à l’arrêt, le 7 décembre 2021.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr