Main de velours – L’édito de Patrice Chabanet
Dans la gestion du dossier de Notre-Dame-des-Landes, les rôles de l’exécutif sont bien répartis. Il y a la main de fer de Gérard Collomb, chargé de la sale besogne de l’évacuation de la ZAD. Il y a aussi le gant de velours de Nicolas Hulot. Hier, ce dernier a tenté de convaincre les zadistes de rentrer dans le rang. En vain. Le ministre de la Transition écologique ne se faisait sans doute pas d’illusions dans une affaire que le pays traîne derrière lui depuis un demi-siècle. Malgré la suavité du propos, Nicolas Hulot n’a pas manqué de rappeler quelques évidences. La première est que les protestataires ont déjà obtenu l’essentiel, à savoir l’abandon du projet d’aéroport. La seconde est qu’il ne faut pas confondre écologie et anarchie. La troisième est que le gouvernement n’entend pas se laisser enliser dans les terres humides de Notre-Dame-des-Landes : il a fixé au 23 avril la date limite du dépôt des projets de reconversion agricole. Dans ces conditions, on peut se demander si le déplacement du ministre, souvent présenté comme une mission de déminage, n’était pas au fond un dernier avertissement – certes poli – avant l’évacuation définitive de la ZAD. Le moment est encore propice : les occupants n’ont pas la cote dans l’opinion. Les débordements violents dans le centre-ville de Nantes ont révélé aussi des comportements qui n’ont rien à voir avec le charme bucolique de la vie à la campagne.
Le gouvernement ne peut que capitaliser sur la vampirisation de ces mouvements par des groupes extrémistes. Elle justifie sa fermeté. On le voit aussi dans certaines universités où de toutes petites minorités veulent imposer leur loi, en jouant les apprentis soixante-huitards. Les contestataires d’aujourd’hui ressortent le marteau et la faucille du placard de leurs grands-parents. La logorrhée employée dans leurs motions ou leurs communiqués est souvent pathétique, totalement déconnectée de la réalité et enfumée par d’étranges nostalgies. Une manière de donner au gouvernement toutes les raisons d’instaurer la sélection…