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Magma : l’hymne à la joie

Au cœur de la Haute-Marne, le batteur et compositeur Christian Vander continue de composer pour Magma. Le dernier album du groupe, joyeux et aérien, vient de sortir : Félicité Thösz. Rencontre avec son fondateur charismatique.

Le Journal de la Haute-Marne : Votre dernier album se terminait sur une marche funèbre. Celui-ci s’appelle Félicité. Quel changement !
Christian Vander : La marche funèbre correspondait à la fin d’une histoire. Emëhntëhtt-Ré est assassiné par des prêtres jaloux. Et l’enterrement a lieu dans un temple sous-terrain en Égypte.
J’entends souvent dire que la musique de Magma est sombre. C’est faux. C’est plutôt une quête intérieure, en immersion, qui appartient a chacun. Avec des degrés d’interprétation. Je raconte toujours l’anecdote de la statuette égyptienne. On peut la trouver belle, au premier abord, puis constater son harmonie, et en troisième degré rentrer en vibration avec elle. La musique de Magma, c’est la même chose. Il y a plusieurs niveaux de lecture. C’est une musique à étages, comme celle de John (Coltrane, Ndlr). Avec le temps, je découvre encore énormément sur sa musique, à chaque écoute.

JHM : Le titre, Félicité, est tout à fait dans le ton de l’album…
C. V. : Félicité, c’est un peu une cérémonie du renouveau. Un solstice d’été qui se passe un peu
partout dans différents endroits du monde. On entend des choses un peu japonisantes, des choses slaves. J’avais besoin, après « Le Cygne et les corbeaux » -j’ai commencé à l’écrire après l’avoir terminé- d’une musique fluide. Ça coulait dans mes doigts sans que je me pose de question. Des mélodies très simples. C’est la quintessence de la musique de Magma. C’est aérien. Je ne me suis pas forcé. J’en avais besoin. Je pourrais faire une imitation de Mekanïk, mais ce serait une redite. J’ai envie de proposer quelque chose de nouveau, qui me surprenne moi-même. Je n’ai pas fait de concession. Je ne fais pas la musique de Magma pour que ça plaise, je la fais pour moi.

JHM : Le piano tient une place importante. Avec un vrai solo.
C.V. : Le piano, c’est la colonne vertébrale de la musique de Magma. Quand on a enregistré le Fender d’Emëhntëhtt-Ré, je trouvais ça bizarre. Ça sonnait étriqué. Puis on a rajouté le piano acoustique, et ça allait tout de suite mieux. Alors pour Félicité on a directement enregistré acoustique. Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, dans la composition, je pense la batterie en dernier. Je compose au piano. Il y a donc d’abord les pianos, ensuite la guitare, les chants. Et puis, on pratique beaucoup sur scène, pour que je trouve ma place à la batterie. On fait toujours ça. On rode d’abord les morceaux sur scène avant de passer en studio. Le solo de piano est libre. Il a été fait en une seule prise. Il est vraiment dans l’esprit magma. En le composant, on ne serait pas arrivés à quelque chose d’aussi bien.

JHM : Dans le morceau Tëha, vous revendiquez une influence Motown. Expliquez-nous ce qui vous plait dans cette musique.
C.V. : Dans les années 60, j’écoutais du rhythm n’ blues. C’est une très bonne école : Otis Redding, Aretha Franklin etc. Et je suis totalement passé a côté du style Tamla Motown. Et puis je me suis rendu compte que des musiciens exceptionnels venaient de là-bas : les Suprême, Stevie Wonder… Marvin Gaye a dit « le côté “je t’aime mon amour”, on s’en fichait ! C’est l’esprit de la musique qui comptait. » Et c’est vrai que c’est une couleur très particulière. Alors dans Tëha, on danse un peu « Tamla », un peu romantique. Il y a même un clin d’œil au morceau « Ever lasting love» (un classique du label, Ndlr).

ITWVander

JHM : L’album vient de sortir. Quelle est la suite du programme ?
C. V. : Sur scène, on joue Félicité. Mais aussi un ancien morceau du deuxième album qu’on rejoue avec les accords originaux. Ria Seltak. Quand on a fait « Magma 2 », le Dolby venait d’arriver. On nous l’avait proposé. Mais ce n’était pas au point. Ça coupe les fréquence. C’est très mat. J’aimerais bien le ré-engistrer, tel que j’aimerais l’entendre. Et puis il y a de nouvelles musiques. Elles ne sont pas dans la lignée de Félicité. Dans l’album, il y a un passage très court que je n’ai pas développé. Ça me tracasse toujours. J’aimerais commencer par là dans le prochain album pour faire un lien vers les nouvelles choses très différentes. C’est aussi différent que MékaniK et Köhntarkösz. C’est beaucoup plus violent, mais très contrasté, avec des choses très aériennes qui sont d’autant plus soulignées par la violence qui précède. Ça s’appelle Shag Tanz. Je compose pour pouvoir le monter complètement d’ici avril, le pratiquer sur scène et l’enregistrer.
D’ici là, on travaille sur un DVD enregistré au Triton, à Paris, qui doit sortir en février.

Propos recueillis par Frédéric Thore

La chronique de Félicité Thösz
feliciteVander

Le dernier album de Magma est une magnifique porte d’entrée vers l’univers unique et mystérieux du groupe.

Félicité Thösz vient de sortir dans les bacs. Et les amateurs de la musique de Christian Vander se posent forcément la question : est-ce que c’est du bon Magma ? La réponse est oui. Ceux qui ont pu voir le groupe ces derniers mois sur scène ne seront pas dépaysés puisque Magma a pris l’habitude de roder ses morceaux en concert avant de les coucher sur un multipistes. Mais ils auront quand même le plaisir de découvrir que Christian Vander a profité des avantages de l’enregistrement pour donner plus de sens, plus de force, à certains passages. Notamment les voix, démultipliées grâce à la magie du studio. Félicité Thösz détient tout ce qui fait l’identité de Magma avec un entrain supplémentaire et une certaine forme de joie, comme le laisse à penser son titre. Peu de passages sont réellement violents, comparé au précédent album. Les mélodies sont légères, les voix enjouées. On notera en particulier cette discussion, dont Vander dit qu’elle se déroule entre un père et son fils, quand le chanteur prend tour à tour une voix haute ou grave selon son personnage. L’improvisation y est palpable. Improvisation aussi dans un solo de piano mémorable (enregistré en une prise) qui permet une belle transition musicale entre le début et la fin de l’album. Et puis Vander reste toujours un monument du rythme. Même quand sa batterie se fait discrète, on sent la pulsation que son jeu impose naturellement.
Le disque constitue certainement une belle occasion de découvrir l’univers du groupe pour ceux qui ne le connaissent pas. Un joli voyage en kobayen (la langue inventée par Vander). C’est la magie de la musique de Magma : chacun y entendra sa propre histoire.


christian vander magma france2 20/01/05 par jro34

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