Maggy Fleurs, l’institution change de main
COMMERCE. Véritable institution dans le paysage commercial bragard, Maggy Gouthière fait valoir ses droits à la retraite, après 43 ans d’activité. Mais le nom Maggy Fleurs demeure, avec une nouvelle gérante aux manettes.
Bien plus qu’une page qui se tourne. C’est un livre entier de l’activité économique de l’avenue d’Alsace-Lorraine qui se ferme ce mardi 29 mars. Ce jour marque à la fois la réouverture du magasin Maggy fleurs, en travaux ces derniers jours, dans une nouvelle configuration, et la fin de Maggy fleurs sous l’égide de son emblématique gérante, Maggy Gouthière. Cette figure du quartier, arrivée à Gigny quand elle avait 4 ans, fait enfin – elle aurait pu le faire il y a plusieurs mois – valoir ses droits à la retraite.
La nouvelle patronne se nomme Claire Degoutin. Agée de 26 ans, la fleuriste de métier, qui a fait une parenthèse de quatre ans au sein de la boulangerie de ses beaux-parents, a souhaité revenir à ses premiers amours. « J’ai rencontré Claire il y a quatre ans. Elle faisait des extras ici les jours de fête », explique Maggy. « Je lui ai dit « tu n’es pas faite pour le pain, mais pour les fleurs ». » Les deux femmes ont accéléré la transmission d’affaire en fin d’année dernière.
« Je l’aime, ce quartier ! »
« C’est une page qui se tourne, mais je reste quand même un peu avec elle », assure Maggy. « J’en ai besoin ! » enchaîne Claire, qui tenait à conserver le nom « Maggy Fleurs ». Un changement ne lui est d’ailleurs jamais venu à l’esprit. « Quand on dit avenue d’Alsace-Lorraine, les gens ne connaissent pas, alors que « chez Maggy », ils connaissent ! » »
Une façon pour la jeune femme de pérenniser une enseigne majeure du quartier de Gigny. Dont Maggy parle avec des sanglots dans la voix. « Le magasin, je suis contente de le céder. Et avec la disparition de Joël (son mari, décédé le 4 mai 2021), ce n’était pas pareil. Après, c’est pour la maison (au-dessus et à l’arrière du magasin) que ça va me faire bizarre. Mes parents tenaient le bar de l’Est juste à côté, c’est moi la plus vieille du quartier, je l’aime, ce quartier ! »
Sûr que la fleuriste, qui aura 66 ans en fin d’année, ne l’abandonnera pas de sitôt. « Mon fils est né là, j’aime bien ma clientèle. Il y a beaucoup de gens à qui je dis « ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer ». Et puis, ma petite voiture rouge (de livraison), je vais la regretter. » Particulièrement émue, Maggy fait aussi part, à demi-mot, d’une forme de soulagement. « J’étais ouverte sept jours sur sept, ça me plaisait, mais j’en avais un peu ras la socquette à la fin », sourit la fleuriste, qui a toujours entretenu « de bons rapports » avec ses confrères.
Il y a de fortes chances pour que Claire Degoutin travaille avec la même philosophie. La jeune femme conserve en outre la salariée qui travaille avec Maggy depuis huit, Marie-France Latarte. Elles devraient même être trois sur le pont, ce mardi 29 mars, pour l’ouverture. Oui, car Maggy sera de la partie…
N. F.