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Magazine : vous avez dit supporters ?

Vendredi, les Français ont perdu leur affrontement contre les Grecs sur le terrain mais également dans les tribunes. Une fois de plus, le public français a davantage été spectateur que supporter. Un constat qui ne date pas d’hier puisqu’en 98 déjà, Didier Deschamps, le capitaine des Bleus, avait déclaré que l’équipe de France avait l’impression de jouer devant des tribunes essentiellement composées de gens en costumes cravates et que l’ambian- ce manquait singulièrement de ferveur. Si, par la suite (titres de Champion du Monde et d’Europe obligent), les choses avaient quelque peu changé avec la mise en place d’un Club des Supporters, force est de constater que, petit à petit, le soufflé a tendance à retomber et que l’engouement pour les Bleus n’est pas terrible. On sait très bien que les Français ne seront jamais les meilleurs supporters du monde, mais le Portugal n’est pas aussi loin que la Corée ou le Japon et l’on pouvait logiquement espérer un public plus nombreux mais surtout plus bruyant, malgré les tristes prestations de Zinedine Zidane et de ses partenaires. N’est-ce pas dans la difficulté que les joueurs ont le plus besoin de soutien ?

“Etouffés” par les Anglais

Les Anglais, lors du match contre les Bleus, l’ont parfaitement compris. Si le comportement de certains, en dehors des stades, n’est pas l’exemple à suivre, en revanche, les chants et les encouragements, de longues minutes après le cruel revers de David Beckham et de ses coéquipiers, laissent rêveurs. Ce soir là, les supporters des Bleus ont été “étouffés” par les voix anglaises… jusqu’à la 90’ et l’égalisation de Zinedine Zidane. Mieux vaut tard que jamais me direz-vous. Soit mais il est cependant facile de chanter la Marseillaise et de chambrer l’adversaire quand le match est terminé et que “Zizou” est une nouvelle fois passé par là ! Contre les Croates, on peut penser que les supporters français seront à la hauteur, d’autant que dans les rues, un stand de l’équipe de France distribue des “clapers” et autres objets susceptibles de mettre de l’ambiance dans les travées du Stade de Leiria. Encore raté. Certes, entre le moment où Zinedine Zidane, encore lui, montre le chemin à suivre, en ouvrant le score et la mi-temps, les “qui ne chantent pas n’est pas Français” résonnent mais après ? A l’image des

hommes de Jacques Santini qui, sur le terrain, perdent leur football, les supporters perdent leurs voix. Les “Croatia” sont plus convaincants que les “Allez les Bleus”. Au coup de sifflet final, malgré ce score de parité (2-2), les grands gagnants sont les Croates.

Le match contre la Suisse est déterminant pour les deux équipes. Plus que jamais le rôle du douzième homme sera important. Heureusement que la rencontre ne s’est pas jouée entre supporters, sinon les Bleus seraient rentrés plus tôt à la maison ! Dans un stade à ciel ouvert, les encouragements au coup par coup des supporters de l’équipe de France s’évanouissent rapidement dans le ciel de Coimbra. Comme face aux Anglais, la Marseillaise et les “olés”, à chaque fois que les Français se passent la balle, se font entendre alors que le score est de 3-1 en faveur de la bande à Jacques Santini…

Le coq des Bleus ne chante plus

Cette fois c’est sûr, pour le quart de finale contre les Grecs, le public français sera plus nombreux, d’autant qu’une grande majorité des supporters hellènes, persuadés que leurs favoris ne passeraient pas le pre- mier tour, sont déjà rentrés en Grèce et suivront le match à la télé. Les supporters français ont peut-être été plus nombreux, et encore, mais pas les plus bruyants. Une heure avant le coup d’envoi, les tribunes, où sont installées les Grecs, sont bien plus animées que celles des Français. Le maillot géant de l’équipe de France, qui est déplié au moment des hymnes comme à chaque rencontre, ne parvient pas à enlever cette impression de malaise qui plane au-dessus du Stade José Alvalade de Lisbonne. Une sen- sation bizarre, comme un senti- ment que cette rencontre face aux Grecs est le match piège par excellence. La suite nous donnera raison. Cette fois, ce sont les supporters grecs qui chambrent les Français, la roue tourne. Il y a même des sifflets qui accompagnent les joueurs de l’équipe de France aux vestiaires. Le célèbre Clément et son coq fétiche restent sans voix, comme l’ensemble du public français. Les Bleus sont éliminés, mais ils ont sans doute beaucoup appris. Souhaitons qu’il en soit de même pour les supporters…

Reportage au Portugal : Yves Tainturier

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