L’ultime bataille – L’édito de Patrice Chabanet
Cette fois-ci, semble-t-il, c’est la bonne. La très attendue contre-offensive ukrainienne a commencé. Poutine lui-même l’admet en la minimisant. Les Ukrainiens ne le nient pas, fidèles à leur réputation de taiseux dès lors qu’il faut évoquer la conduite des combats. Pas d’opérations d’envergure type 6 juin 1944, mais des coups de canif pour mieux apprécier les forces et les faiblesses de l’adversaire.
A dire vrai, Zelenski n’a plus le choix. Il devient risqué de bloquer ses propres troupes l’arme au pied. Le temps de préparation pourrait être interprété comme un temps d’indécision ou pire comme la probabilité d’une éventuelle défaite. Or l’Ukraine est condamnée à gagner. Elle n’aura pas de seconde chance. Les opinions publiques occidentales ne le permettraient pas.
D’une certaine manière, on sent se profiler une forme de rééquilibrage entre les deux protagonistes. L’audace, la résilience, la modernité et la créativité du côté ukrainien, l’inertie et l’effet masse en face. L’ombre de la Seconde Guerre mondiale est là pour nous le rappeler : les Russes savent encaisser les chocs les plus meurtriers avant de lancer un rouleau compresseur dans la bataille, quel qu’en soit le prix humain.
Les Alliés paraissent décidés à mettre en œuvre tous les moyens qui permettent aux Ukrainiens de gagner cette pernicieuse guerre. On attendait les chars Leopard et Abrams sans savoir où en était leur livraison. On apprend maintenant qu’ils sont déjà engagés sur le front. La guerre de position se transformerait-elle en guerre de mouvement ? On devrait le savoir dans les prochains jours. L’immobilisme n’est plus de saison. Ni de raison.