Luis Figo est-il indispensable ?
On joue la 75’ du quart de finale de L’Euro 2004. Le Portugal est mené 1-0 par l’Angleterre et Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur lusitanien, décide de sortir son capitaine, Luis Figo, figure emblématique du Portugal. Si le public semble surpris d’une telle décision et le fait savoir, le joueur du Real Madrid, lui, la tête basse, décide de rentrer directement aux vestiaires. Quelques minutes plus tard, son remplaçant, Postiga, égalise, mais Luis Figo n’est toujours pas revenu s’asseoir sur le banc. Il ne sera pas non plus aux côtés de ses coéquipiers lors de la longue et stressante séance de tirs au but. Il ne viendra même pas manifester sa joie et remercier le public de la Luz. Pour le capitaine de la sélection, cela fait un peu désordre. Un com- portement de star ? Le torchon qui brûle entre lui et le sélectionneur ? Les questions ont fusé au lendemain de la qualification, mais Luiz Felipe Scolari, soucieux de préserver le groupe, a rapidement désamorcé la bombe en déclarant que Luis Figo «n’est pas quelqu’un de très expansif» et le sélectionneur por- tugais d’ajouter : «il préfère se mettre un peu en retrait mais je sais qu’il priait dans les vestiaires et qu’il souffrait aux côtés de ses coéquipiers.»
Du mal à tenir la distance
Acceptons-en l’augure. Toujours est-il qu’à la veille de la demi- finale contre les Pays-Bas, on est en droit de se poser la question de savoir si Luis Figo est indispensable à la sélection portugaise ?
Difficile de répondre par l’affirmative mais force est de constater que, lors du match d’ouverture, qu’il a disputé dans son intégralité, Luis Figo a montré qu’il n’avait plus ses jambes de 20 ans. Contre des joueurs grecs rapides, le Portugais a eu du mal à tenir la distance. Luiz Felipe Scolari l’a bien compris ; ainsi C. Ronaldo, contre la Russie, est entré en jeu à la 78’, tout comme Petit, également à la 78’, contre l’Espagne.
Enfin, contre l’Angleterre, c’est Postiga, à la 75’, qui a remplacé Luis Figo. Il s’avère qu’à l’arrivée, les Portugais ont gagné.
Un constat un peu facile mais qui montre que la sélection est capable de gagner sans son emblématique capitaine. Ricardo et ses partenaires ont même montré, contre l’Angle-terre, qu’ils pouvaient renverser une situation comprise sans son aide… Luis Figo ralentit le jeu. En dehors du terrain, Luis Figo joue peut-être son rôle de leader à la perfection mais sur la pelouse il n’est pas décisif loin s’en faut. Qu’il évolue au milieu de terrain gauche ou droit, le Lusitanien a trop tendance à ralentir le jeu. Ses partenaires jouent beaucoup avec lui mais les nombreux ballons qu’ils touchent ne sont pas très bien exploités. Il aime le ballon et le garde trop longtemps alors que la plupart du temps un jeu à une touche de balle permettrait de faire la différence et de rapidement porter le danger sur le but adverse. A 32 ans, Luis Figo doit modifier sa façon de jouer. Le peut-il ? Le veut-il ? Des réponses dépendra son avenir en sélection d’autant que des joueurs comme C. Ronaldo, Postiga, entre autres, ont les dents longues et pourraient bien pousser plus tôt que prévu Luis Figo vers la sortie…
Un compteur but bloqué à zéro On est également en droit de s’interroger sur le peu d’efficacité du capitaine portugais. Depuis le début de l’Euro, il a frappé 13 fois au but… sans réussite. Il a souvent tiré les coups francs sans trouver les filets, voire même le cadre. Certes, Luis Figo n’est pas un buteur, mais un joueur comme Zinedine Zidane, son partenaire au Real Madrid, qui joue également au milieu de terrain, a marqué 3 buts pour seulement six tirs ! Malgré un Euro en demi-teinte, Luis Figo, qui a à son actif une passe décisive, est à surveiller de près. Les adversaires savent très bien qu’il peut faire la différence à tout moment et les douze fautes commises sur lui ne font que confirmer les craintes des équipes adverses. Luis Figo, dont c’est sans doute la dernière grande compétition avant une retraite internationale bien méritée, disputera peut- être son dernier match sous le maillot de la sélection portugaise face aux Pays-Bas. Stop ou encore ? Réponse ce soir.
Reportage au Portugal : Yves Tainturier