Lourd de conséquences – L’édito de Christophe Bonnefoy
Inenvisageable, et pourtant de plus en plus prévisible au fil des semaines. Quel paradoxe !
L’exécutif est depuis plusieurs jours réuni en véritable conseil de guerre. Et toute sa problématique n’est pas tant de durcir les conditions sanitaires, jusqu’au probable confinement pour le coup, que d’arriver à expliquer le pourquoi et le comment. On y est. Emmanuel Macron devrait annoncer ce soir une sorte de retour à mars, enrobé de quelques aménagements. Il va lui falloir être pédagogue.
Pour ceux qui en doutaient, il y a bien une seconde vague. Il suffit de se tourner vers les chiffres des hôpitaux pour s’en persuader. On peut, aussi, porter le regard vers l’Italie, notamment, pour comprendre que plus encore qu’au printemps, la situation n’est pas tendue que sur le plan sanitaire. Dans le Nord du pays, l’annonce de nouvelles restrictions a provoqué de violents incidents. Voilà, peut-être, le pire qui puisse arriver : ne plus avoir le contrôle de la pandémie d’une part, de la rue d’autre part.
En France, chacun comprend sans doute la nécessité d’une riposte forte. Mais les griffes sont sorties. Depuis le début du mois, on ne peut en effet pas dire que la contre-offensive des pouvoirs publics ait vraiment eu l’heur de rassurer.
Difficile de comprendre ces paradoxes ressentis comme des injustices. Ainsi en va-t-il des couvre-feux, par exemple. Comment comprendre qu’on ferme – tôt – des restaurants qui avaient pourtant pris soin de se plier à des règles drastiques de distanciation et d’hygiène, quand, presque dans le même temps, les images récurrentes de métros bondés ne semblent faire sourciller personne.
Au moins, si le chef de l’Etat confirme ce soir le confinement national, les choses seront-elles désormais claires. Mais à quel prix, économiquement et socialement ? On le saura très vite. On saura aussi, très vite, si le virus finit par céder du terrain. Un confinement sera de toute manière lourd de conséquences. Bonnes ou mauvaises.