Lorenzo et Amandine : leur bonne musique ne trompe pas
Lorenzo et Amandine sont jeunes et ils aiment jouer de la trompe de chasse. Aux côtés de sonneurs confirmés et plus âgés du Bien Allé lingon, ils s’exercent chaque semaine à maîtriser leur souffle autant que les vibratos ou la puissance de leur instrument ainsi que les nombreuses “fanfares” du répertoire. Leur musique fascine et fait frissonner…
L’art des sonneurs de trompes a évolué au fil du temps, s’affranchissant sensiblement de la vénerie traditionnelle et développant un style de jeu sans équivalent dans le monde musical. En concert ou en fête de village, en manifestations hippiques ou rassemblements en plein air, les sonneurs, pas forcément chasseurs, jouent par goût pour la musique, pour le plaisir d’être ensemble, pour la puissance inégalée de leur trompe de chasse et le partage d’un même intérêt pour cet instrument surprenant, impressionnant. A une extrémité : l’embouchure. A l’autre, un pavillon élargi. Entre les deux, un mince tube de 4,54 m en laiton ou cuivre et enroulé sur trois tours. Pas de piston, pas de touche. Ce sont les lèvres qui font tout le travail, ainsi que la pression de l’air et la langue. C’est assez physique mais pas tant que cela. Et surtout, interdiction de souffler comme un forcené ! Après des répétitions régulières et une bonne maîtrise de sa colonne d’air, on devient un bon sonneur de trompe de chasse, sans fatigue.
Le Bien Allé lingon
Aujourd’hui, Lorenzo et Amandine sont deux membres du Bien Allé lingon, l’association sud-haut-marnaise présidée par François Jobard, sonneur expérimenté et qui initie le groupe à cette musique liée à la chasse à courre traditionnelle et ancestrale devenue “noble art de vivre” depuis François Ier !
Même s’ils aiment ou pratiquent la chasse tous les deux, leur présence aux répétitions à la lisière du bois d’Aujeurres où à la salle des fêtes par temps maussade, est une surprise. Comment ? Des jeunes et des filles au milieu de musiciens chevronnés et sonneurs de longues dates ? C’est inédit.
Lorenzo a 15 ans, habite Cusey et vient d’intégrer une classe de seconde à Dijon. Dès l’enfance, on le remarque pour ses qualités de danseur, entraînant sa grand-mère sur les pistes de danse et s’adaptant avec facilité à d’autres cavalières pour se lancer dans une valse ou un tango. Il est naturel, à l’aise, doué, surprenant et heureux ! Sa fibre artistique se révèle au fil des années. Après des cours de danse de salon, de danse country puis d’accordéon, il se frotte au théâtre avec la Joyeuse Compagnie. Il excelle sur les planches où il interprète des personnages très différents et étonne tous ses partenaires. On le découvre maintenant adepte d’un instrument de musique peu commun : il vient de terminer 18e sur 90 d’un championnat national de sonneurs.
Amandine, de Vitry-en-Montagne, est une jeune maman et aime la chasse. La trompe est utilisée quelquefois encore durant les sorties en forêt, si bien que la curiosité et l’envie d’apprendre ont suivi. Tout naturellement, Amandine a commencé ses premières leçons, manquant rarement une répétition. Cette jeune femme possède les qualités indispensables : persévérance, sérieux, rigueur et le goût du beau. Elle commence à connaître un grand nombre de mélodies.
Si les femmes sont présentes dans les groupes de trompes depuis le XIXe siècle, elles n’ont jamais été très nombreuses. Cependant, il n’est pas rare aujourd’hui de voir une femme dans les rangs des communautés de sonneurs, pour le plaisir de sonner, lors d’un concert ou lors de participation à des chasses à courre aujourd’hui si controversées. Les sonneurs n’en ont cure : ils jouent pour un public qui vient les écouter, très curieux et impressionné par cet instrument puissant et malgré tout très mélodieux.