Chaumont : lutter contre les locaux vacants
Sur le papier, les chiffres sont encourageants pour le dynamisme commercial de Chaumont. Néanmoins, en se baladant dans l’hypercentre, plusieurs vitrines de locaux sont vides. Pourtant, des projets coexistent en faveur de la vitalité du centre-ville.
A Chaumont, depuis deux ans, les ouvertures de magasins surpassent les fermetures. En 2021, la ville a gagné 24 magasins par rapport à 2020, année durant laquelle 23 commerces* supplémentaires avaient été ouverts. Autre comparatif, en 2017, Chaumont faisait état d’un taux de vacance de 17,5 %. L’année dernière, celui-ci a été évalué à 11,07 %. Un chiffre inférieur à la moyenne nationale des villes de taille similaire qui est de 13 %.
Malgré cette évolution encourageante, il reste du travail à réaliser. « Une des causes de vacances est le départ de franchises. Les franchises c’est important, c’est un moteur pour ramener du monde chez les commerçants indépendants », explique Bérénice Michelot, manager du dispositif Cœur de Ville. Elle appuie ses propos sur une enquête terrain réalisée en interne.
L’agglomération note une autre problématique sur la vacance : « Certains locaux appartiennent à des foncières parisiennes (société commerciale de gestion et d’exploitation d’un portefeuille immobilier, ndlr) et il peut être dur d’avoir un contact avec le propriétaire ». Par conséquent, les ventes ou locations sont ralenties, voire à l’arrêt.
Succès des boutiques éphémères
« Nous négocions bien avec les propriétaires », soutient Bérénice Michelot. Un point de taille, car certains locaux demeurent vides car les loyers demandés sont bien au-dessus de ceux du marché. « Parfois, à 150 € près par mois, ça change tout pour le porteur de projet », souligne la manager du dispositif Cœur de Ville.
Evidemment, les détails de ces négociations ne peuvent pas être explicités pour ne pas compromettre les prochaines. Néanmoins, un levier réside dans l’instauration de la taxe sur les locaux vacants. Depuis 2017, elle s’applique à tout local inexploité depuis au moins 2 ans. La première année, elle s’élève à 10 %, 20 % pour la deuxième et 30 % pour la troisième.
A noter que cette taxe est retirée pour les locaux accueillant des boutiques éphémères. Ces dernières semblent être un bon moyen d’inciter de nouvelles installations, 85 % d’entre elles sont devenues permanentes (pourcentage à nuancer car établi sur une faible quantité, ndlr). C’est le cas du Petit Ecolo et de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la Haute-Marne (en projet). Ces boutiques ouvertes quelques mois sont particulièrement intéressantes pour les porteurs de projet, notamment lors de l’attente d’un prêt.
Vers la création d’une foncière
Chaumont fait état de plusieurs projets pour diminuer la vacance des locaux commerciaux. Sont notamment à souligner les programmes Cœur de Ville et le fonds d’intervention pour la sauvegarde de l’artisanat et du commerce (Fisac). Si le premier est géré par la ville et le second par l’Agglo, ils ont un tronc commun. Tous deux attribuent des subventions, notamment pour faire des travaux de rénovation et ainsi favoriser de nouvelles installations.
« Les limites à l’installation de nouveaux commerces se trouvent dans les démarches administratives. Nous travaillons dessus en anticipant au maximum les besoins, par exemple en rencontrant les architectes du Bâtiment de France en amont pour que, le jour où le projet sera mis en place, les travaux s’enclenchent », explique une personne travaillant pour l’Agglomération. Lors de l’attribution des subventions du FISAC, plusieurs commerçants remerciaient l’accompagnement, notamment administratif, de l’Agglo sur leur projet. Par ailleurs, l’Agglomération recense les locaux vacants afin de trouver des solutions et repreneurs pour les réhabiliter.
Enfin, un projet de création de foncière (voir encadré) est en cours de mise en place. Il sera porté par la Ville, mais l’Agglo a également été auditionnée, notamment pour sa compétence économique. L’objectif est d’acheter des locaux puis de les louer au prix du marché et ainsi favoriser l’arrivée de nouveaux commerçants.
*Ces chiffres se rapportent au ratio entre les fermetures et ouvertures. En 2020, Chaumont a compté 41 ouvertures et 18 fermetures.
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Foncière : l’exemple de Belfort
Il y a un peu plus de deux ans, la ville de Belfort a décidé d’agir contre ses 8 % de vacance commerciale en créant une entreprise foncière : Sémaville. Le 1er juillet 2019, cette société de gestion et d’exploitation d’un portefeuille immobilier est créée avec un capital de 1,2 million d’euros. Son objectif est donc de lutter contre les cellules commerciales vides, en les achetant, les rénovant afin de les louer ou de les revendre. Dès sa constitution, Sémaville affiche un objectif clair : atteindre 6 % de vacance commerciale. En janvier 2022, le fameux taux s’élevait à 7,2 %. Néanmoins, le maire, rapporté par l’Est Républicain en mars dernier, revendiquait : « D’ici un à deux ans, vous verrez un vrai changement dans l’avenue Jean-Jaurès ».
Locaux vacants, les causes
Il y a trois causes qui expliquent la vacance d’un bâtiment. La première, dite conjoncturelle, se réfère à la transition entre deux locataires ou propriétaires. Elle est généralement de courte durée. Le seconde, la vacance de rétention, se rapporte davantage à des problématiques techniques que pratiques et s’inscrit dans le temps. Elle peut être due à un conflit entre co-propriétaires, à un prix de vente trop élevé, la volonté de vendre un immeuble en un seul lot ou encore à la difficulté de retrouver un propriétaire. Enfin, la plus longue, la vacance structurelle, trouve ses causes dans le refus ou l’incapacité de propriétaires de réaliser des travaux de réhabilitation et de remise aux normes.
« La plupart des locaux restent inactifs à cause de problèmes de successions », estime Bérénice Michelot. Une médiation peut être faite, mais comme le souligne la manager du dispositif Cœur de Ville « ça dépasse les compétences de la Ville ».