Lisi Aerospace : des efforts qui coulent de source
Située en Haute-Marne, Lisi Aerospace – que beaucoup appellent encore “Forges de Bologne” – profite de son déménagement pour diminuer sa consommation en eau. Des choix assumés qui sont passés par des investissements et équipements pour changer les façons de faire avec l’objectif de diviser par 17 l’impact sur l’eau.
Les industriels sont de gros consommateurs d’eau potable. Aussi ils sont nombreux à entrer dans des systèmes vertueux afin d’économiser l’eau utilisée, à la traiter le cas échéant et à mettre en place des systèmes de récupération. Pour Lisi Aerospace, le déménagement de son site historique de Bologne vers un tout nouveau site à une dizaine de kilomètres, est une occasion de réduire considérablement sa consommation d’eau.
D’une surface couverte de 24 000 m2, la nouvelle structure située sur la Zone Plein Est à Chaumont a été livrée en juillet 2022 et depuis, l’emménagement dans les bâtiments neufs s’opère. Il est bien avancé pour l’activité “moteur”.
Ce département produit des pièces pour les moteurs d’avion de Général Electric, Safran ou Pratt & Whitney. La partie “structure” réalise des pièces de structures d’avion, d’équipement, de trains d’atterrissage ou encore de freins, notamment pour le compte d’Airbus.
Réduction de la consommation par le process
Classé dans les meilleurs employeurs 2023, Lisi Aerospace consomme de l’eau au moment du décapage et de la phase d’usinage chimique des pièces. Des étapes au cours desquelles il est indispensable de les passer au crible pour traquer les défauts. « Historiquement, c’est cette activité qui a toujours consommé pas mal d’eau et que le déménagement va permettre de réduire fortement », détaille Pascal Cantrel, directeur industriel et technique.
Lisi Aerospace a investi dans des lignes neuves, de conception récente et performante pour économiser l’eau. « On récupère une partie de l’eau utilisée dans le système, notamment pour les rinçages, et on retraite cette eau qui passe par un osmoseur. Elle est ensuite réinjectée dans le système », complète l’interlocuteur.
La réduction d’utilisation d’eau par le process a nécessité des investissements lourds puisqu’une ligne de traitement vaut entre 800 000 et un million d’euros… et quatre sont nécessaires pour l’usine.
Toutes les machines sont en outre refroidies en circuit fermé, un système également plus économique.
Collecter l’eau
Le deuxième volet de la réflexion portant sur l’économie d’eau concerne la récupération de l’eau de pluie. « Avec 24 000 m2 de surface couverte, on récupère 24 m3 d’eau pour chaque mm de pluie tombée », reprend Pascal Cantrel.
L’usine a été construite et pensée en fonction de ces nécessités impérieuses. Ce qui a conduit à prévoir un bassin de collecte avec une pompe qui conduit l’eau dans une cuve de 900 m3.
Cette eau de pluie est utilisée pour la chimie, le parachèvement, la réfrigération ou encore l’eau des toilettes. « L’eau de ville est employée pour les douches, le lavage des mains et le restaurant d’entreprise ».
« Evidemment, il faut qu’il pleuve ! » Avec une année de recul – disons-le, plutôt sèche -, l’entreprise n’a jamais manqué d’eau dans sa cuve de récupération. Si celle-ci est pleine tout l’année, la consommation totale d’eau sera diminuée par 17 ! Elle passera ainsi de 135 000 m3 à 8 000 m3 par an.
Le déménagement de Bologne à Chaumont n’est pas complètement terminé : il le sera d’icià l’été 2024. L’opération s’articule en tenant compte d’une activité forte pour le secteur aéronautique, avec des difficultés à recruter et un contexte de hausse des matières premières.
Sylvie C. Staniszewski